Dès cette fin d'année, une liste noire réactualisable des entreprises qui ne respectent pas les engagements pris lors des contrats passés avec l'Etat serait dressée. C'est l'annonce faite hier par le ministre des Ressources en eau (MRE), Abdelmalek Sellal, à l'occasion d'une rencontre d'évaluation réunissant les 48 directeurs de l'hydraulique (DHW) que compte le pays. Dès la première mise en demeure, l'entreprise défaillante peut se retrouver menacée de fichage sur cette liste, précise M. Sellal. Conséquence, a-t-il encore ajouté, l'entreprise incriminée sera interdite de prendre part aux différents appels d'offres que lance régulièrement le secteur. En évoquant le volet des appels d'offres, le MRE a mis en garde contre les interprétations personnelles du code des marchés publics. Le ministre des Ressources en eau rappelle aux cadres de son secteur cette évidence de veiller au respect de la procédure de passation des marchés publics. « Je ne suis pas le genre à douter de la bonne foi des gens, mais c'est la seule manière de lever toute suspicion », dira-t-il. A peine cette phrase terminée que le ministre lâche sèchement à l'adresse de ses DHW : « Nous savons qu'il y a de la corruption. Il faut éviter les tricheries parce que les choses finissent par se révéler. » M. Sellal insistera particulièrement sur les octrois de marché de gré à gré ainsi que le fractionnement excessif et injustifié des marchés. En effet, lors de sa communication, le président de la commission ministérielle des marchés, Nacerdine Fodil, avait révélé qu'il a des « lacunes » lors des différentes sorties sur terrain menées par l'inspection générale relevant du ministère. Evaluant la structure générale des marchés publics, M. Fodil affirme avoir constaté « une grande hétérogénéité et des insuffisances dans l'élaboration des marchés publics ». « Ce qui conduit inévitablement à des difficultés de contrôle externe », a-t-il souligné. Outre le fractionnement des marchés, ce responsable citera en exemple la méthode d'octroi. Souvent, les commissions des marchés publics retiennent les offres les plus avantageuses « économiquement ». Ceci est valable lorsqu'il s'agit de « projets complexes », a-t-il fait observer. Mais lorsqu'il est question de projets courants, ajoute M. Fodil, le bon sens voudrait que ce soit l'offre la moins-disante qui l'emporte. Autre constatation, celle du fractionnement où des projets sont scindés en deux parties, l'une pour le génie civil et l'autre pour l'équipement. C'est une anomalie, de l'avis du président de la commission ministérielle des marchés. Dans le même sens, M. Sellal trouve anormaux les chevauchements entre les commissions chargées de l'évaluation et celle du contrôle. « Les commissions doivent être autonomes et les membres y siégeant différents », fera remarquer le MRE. Par ailleurs, le secteur de l'hydraulique a entamé un inventaire de son patrimoine pour définir les limites du domaine public de l'Etat du domaine privé. Actuellement, la plupart des infrastructures (barrages et réseaux d'eau) sont sans propriétaires légaux, ce qui pose des difficultés dans la prise des décisions et la définition des responsabilités. Pas d'augmentation des prix de l'eau « Le gouvernement n'envisage pas pour le moment l'augmentation des prix de l'eau », a précisé hier Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, en marge de sa rencontre avec les cadres de son secteur. Les prix actuellement en vigueur seront maintenus jusqu'à la fin de cette année, a-t-il encore ajouté. Ce n'est pas aussi certain pour ce qui est de 2008, mais la solution réside dans le paiement de la consommation réelle de chaque foyer. Sur ce point, M. Sellal demandera à l'Algérienne des eaux (ADE) d'accélérer l'installation des compteurs et d'être ferme dans le relèvement et le recouvrement des factures.