C'est le désordre total : des enfants accompagnant leurs parents au service de la maternité (chose interdite), des affaires par terre, des youyous, c'est ce qui caractérise l'heure des visites des malades au CHU Ben Boulaïd de Blida. « On n'arrive plus à maîtriser la situation de pagaille au moment de la visite comme on n'a pas le droit d'interdire aux familles de venir voir les malades », nous a déclaré une des infirmières au service de maternité. « On est plus de deux mamans par lit », nous a confirmé une des mamans du même service. Voulant plus d'informations sur la situation, le Dr Ourari, directeur du CHU, dira : « On ne peut pas refuser les malades ou une femme enceinte qui arrive à terme. » Avant d'ajouter : « Notre établissement assure plus de 50% des accouchements de la wilaya et la prise en charge de huit autres wilayas, dont Tipaza, Chlef, Aïn Defla, Médéa et Tissemssilt. C'est ce qui induit une grande surcharge. On fait de notre mieux pour aider les patients et leur garantir la meilleure prise en charge. » Dans ce cadre, le Dr Ourari illustre avec des chiffres le taux de surcharge et les mesures de prise en charge des patients : « Le centre dispose de 172 lits au total, et au service de gynéco obstétrique, on compte 72 lits. Nous assurons quatre fois notre capacité annuelle de naissances, soit 11 800 par an pour une capacité réelle de 3000 naissances. » Selon le Professeur Boukhari, chef de service de néonatologie : « La structure ne répond plus aux besoins quotidiens des patients. On accueille en moyenne 4 à 5 enfants par jour qui restent dans les couveuses entre 10 à 15 jours. Ce qui induit une surcharge dans un service qui ne permet pas ce genre de problèmes. » Le chef de service de gynécologie obstétrique, le Dr Oukid, a déclaré : « Notre service de maternité est classé 1er au niveau de la wilaya et il effectue plus de 4000 interventions par an. En plus, il assure la formation de plus de 80 résidents, entre 100 et 120 internes chaque trimestre et plus de 200 externes toutes les 9 semaines, avec également la formation de 40 sages-femmes chaque année ». Concernant l'hygiène, un médecin du service d'épidémiologie et de médecine préventive référant à l'hygiène hospitalière effectue une visite quotidienne dans l'ensemble des services pour s'enquérir de la situation des lieux. Selon le Dr Ourari, « plusieurs projets sont en cours de discussion avec les professionnels de la santé afin de concrétiser la création d'un complexe des urgences et de consultations doté d'un plateau technique que sera le laboratoire et un service de radiologie pour une meilleure prise en charge de la maman et de l'enfant, comme la création d'une classe pédagogique pour les enfants qui passent un long moment à l'hôpital ». Le staff médical de ce CHU lance un cri de détresse aux autorités concernées et demande la définition des tâches des secteurs sanitaires afin de laisser le CHU aux soins de haut niveau, médicaliser les autres centres médicaux, la création d'un nouveau service de chirurgie obstétrique et de pédiatrie.