C'est une intervention banale qui durera vingt minutes, vous n'avez rien à craindre. » Cette phrase loin d'être prémonitoire a été dite à un jeune couple de Blida au sujet d'une complication identifiée un mois après la naissance de leur bébé : une sténose hypertrophique du pylore. Admis aux urgences du CHU Ben Boulaïd le 29 octobre à 15h30, certaines analyses ont dû être pratiquées à l'extérieur et le médecin anesthésiste était déjà parti à Médéa où il réside. L'accueil de certains agents n'était guère encourageant : tabac, boissons dans le bloc opératoire. « Notre impatience était à son comble devant le comportement d'un agent, Yacine, qui ira jusqu'à dire ‘'que meure l'enfant ou qu'il reste en vie ce n'est pas mon problème'' », a déclaré la jeune maman éplorée. L'intervention débutera à 18h30 et le décès sera prononcé à 23h40. La cause du décès fera l'objet de nombre d'hésitations, jusqu'à retarder le moment de l'enterrement et perturba toute la famille. Plusieurs motifs du décès ont été avancés : « Arrêt cardiaque », « suite à sa maladie », « cause naturelle », pour contourner l'éventualité d'une autopsie. Car il est étrange qu'un bébé admis en bonne santé, selon l'attestation délivrée par son médecin traitant, meurt sur la table d'opération et qu'on refuse de donner le dossier médical. « Je ne condamne pas la compétence mais la négligence », affirme le père, aujourd'hui bien décidé à présenter l'affaire devant la justice. Comment réagir devant l'affirmation d'un médecin qui leur apprend qu'il fallait attendre la présence d'un médecin anesthésiste le lendemain matin ? Si la confiance ne règne pas, comment travailler pratiquement plus de la moitié d'une journée, de 16 h au lendemain 8 h ? (Les deux tiers d'une journée aux mains d'apprentis). Car, il s'agit de vies humaines. Une famille et son entourage sont révoltés et sont décidés à créer une association qui défendra leurs intérêts et ceux d'autres parents éplorés. Quelle foi accorder dorénavant aux statistiques donnant les raisons de la mortalité infantile, lorsqu'il n'y a à l'esprit que la recherche de la fuite des responsabilités ? Une tentative d'explication provenant de l'autorité médicale du CHU Ben Boulaïd nous a permis de savoir qu'une enquête sera diligentée pour faire toute la lumière sur de cette affaire. Il ne reste plus qu'à la famille de faire le deuil du petit Yasser, ce qui n'est pas chose facile pour un jeune couple.