La fédération agroalimentaire, placée sous la coupe de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), et la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR) ont convenu, jeudi dernier, d'un mécanisme d'affectation de la subvention dégagée par les pouvoirs publics au titre de la compensation des pertes subies suite à l'envolée des prix du lait en poudre sur les marchés internationaux. Une convention a été établie par les deux parties, affirme un communiqué de presse de l'organisation patronale. La CIPA jouera le rôle d'intermédiaire entre les producteurs de lait en sachet et la banque publique. Cette dernière a, en effet, ouvert un compte spécial qui est déjà alimenté avec quatre milliards de dinars libérés par le Trésor public. L'agence Badr d'El Harrach est chargée, pour sa part, de l'opération de paiement sur la base des dossiers transmis par la CIPA. Dès demain, les premiers dossiers peuvent être traités, ajoute le communiqué. « L'opération, souligne la déclaration de la CIPA, connaîtra un début d'exécution le dimanche 24 juin (demain) ». Elle concernera les producteurs ayant ficelé leurs dossiers pour les mois de mars et avril derniers. Au-delà de l'aspect conjoncturel des mesures décidées, la mise en place d'une politique pour construire une filière lait complète et intégrée s'impose. Le premier contact entre la CIPA et la BADR a été une occasion pour inviter la banque publique à lancer une large réflexion avec les opérateurs économiques sur les modalités de promotion d'une telle filière. La fédération agroalimentaire de la CIPA va jusqu'à donner un caractère « urgent » à la mise en place d'une « cellule de réflexion ». Parmi les axes de réflexion suggérés par les producteurs de lait figurent les perspectives de développement de l'élevage de bovins laitiers, la production et le développement d'« autres laits » ainsi que la recherche d'une meilleure politique d'approvisionnement en matière première, notamment à travers la conclusion de partenariats. Outre l'apport immédiat du Trésor public, la loi de finances complémentaire 2007 (LFC), actuellement en phase finale de préparation, dégagera une enveloppe budgétaire supplémentaire de 10,6 milliards de dinars. Le gouvernement qui campe sur une position ferme de maintenir le litre de lait pasteurisé à 25 DA destine l'ensemble des budgets alloués à combler le différentiel entre le prix administré et le prix réel. Il est prévu, par ailleurs, de relancer dès le mois prochain l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL). Il héritera des prérogatives d'autorité de régulation que remplit, temporairement, le groupe public Giplait. Pour rappel, Giplait se charge à travers sa filiale Milk Trade d'importer la poudre de lait et de la distribuer aux producteurs privés et publics à des prix subventionnés. Sauf qu'à ce jour, déplorent les propriétaires d'unités privées, aucune tonne sur les 20 000 programmées à l'importation n'est parvenue aux lignes d'ensachement le plus souvent à l'arrêt. Giplait justifie en arguant la rareté de la matière première sur les marchés internationaux, ce qui rend les négociations plus âpres. Un nouvel appel d'offres international a été lancé au début de ce mois de juin. A noter que la facture d'importation de lait en poudre est estimée à 600 millions de dollars US par an. Quant aux besoins annuels du marché, ils s'élèvent à plus de 2,7 milliards de litres.