La crise du lait, provoquée récemment par la hausse vertigineuse des prix de la poudre sur les cours internationaux, a été hier au centre d'une réunion qui a regroupé, à l'initiative de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), les principaux intervenants de la filière, en présence des représentants des institutions concernées, à l'image des ministères de l'Agriculture et du Commerce, de la Chambre nationale de l'agriculture, ainsi que la Badr. Si le conflit ayant éclaté entre les transformateurs de lait et les pouvoirs publics à propos du prix de vente à appliquer à ce produit de large consommation a, finalement, été jugulé grâce à la décision des pouvoirs publics d'accorder une subvention directe aux industriels, la problématique demeure entière car la question, qui se pose maintenant, est de savoir jusqu'à quand l'Etat continuera-t-il à soutenir ce produit. Il s'agit donc pour ces acteurs de réfléchir à la meilleure manière de venir à bout des problèmes nés de la dépendance du marché national des fluctuations des cours internationaux. Cela passe bien évidemment par l'encouragement de la production locale de lait cru, ce qui ne pourrait être possible sans l'implication des investisseurs du secteur. Tous les présents s'étaient accordés, hier, sur la nécessité de jeter les bases d'un partenariat entre les deux branches, celle de la production et celle de la transformation. Le secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, M. Abdeslam Chelghoum a, d'ailleurs, lancé un appel aux adhérents de l'organisation patronale présents dans la salle pour leur “implication dans la production laitière”. Un projet qu'a appuyé, à l'occasion le président de la Chambre nationale de l'agriculture, M. Cherif Ould El-Hocine, le président de la Cipa, M. Mehenni, et le président de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire, agriculture et pêches, M. Ziani. Ce partenariat est d'autant plus nécessaire que les cours internationaux de poudre de lait ne cessent de battre des records en la matière, atteignant actuellement les 7 000 dollars la tonne, alors qu'il y a quelques années elle valait 2 500 dollars. Le SG du ministère de l'Agriculture a saisi cette occasion pour détailler aux présents le dispositif mis en place par son département et tendant à encourager l'élevage, l'insémination artificielle, la production et la collecte de lait, tout en précisant que le maillon faible de la chaîne demeure la collecte qui reste en deçà des attentes, malgré les efforts fournis en ce sens. Selon les chiffres du ministère de l'Agriculture, le niveau de la collecte ne dépasse pas 220 à 250 millions de litres/an sur une production estimée à 2,2 milliards de litres/an. Le taux d'intégration pour les unités industrielles de transformation de lait n'a atteint, lui, que 15%, ce qui demeure insignifiant. L'une des solutions adoptées par les pouvoirs publics pour tenter un tant soit peu de diminuer la crise du lait est le recours à l'importation massive de génisses gestantes. Le coût du programme dans tous ses compartiments avoisine les 298 milliards de DA, dont 250 milliards de DA, comme apport du ministère de l'Agriculture. De quoi inciter les investisseurs, notamment ceux de l'agroalimentaire, à se tourner vers cette branche qui peut contribuer à limiter les importations et leurs coûts excessifs. Pour sa part, le président-directeur général de la Banque algérienne de développement rural (Badr), M. Boualem Djebbar, a confirmé lors de cette réunion la réorientation par les pouvoirs publics de la vocation de son établissement pour revenir à sa mission première, celle d'accompagner le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Concernant le dossier d'indemnisation des transformateurs de lait qui ont souffert de la hausse des cours internationaux de la poudre de lait, le P-DG de la Badr a indiqué qu'il ne reste à traiter que 7 dossiers. Le président de la Cipa s'est d'ailleurs, félicité des efforts fournis par la direction de la banque pour accélérer le paiement des industriels. H. Saïdani