Le musicologue Nourredine Saoudi a animé récemment une conférence de presse à la bibliothèque nationale portant sur le thème de « la sauvegarde de la musique andalouse ». Dans une brillante communication, le musicologue a expliqué devant une assistance nombreuse dans quelle mesure la poésie peut être un élément qui permet de conserver les genres musicaux. Le chantre de la musique andalouse a estimé qu'étant dans un domaine mélodique particulier, il s'est intéressé à la forme structurale de la poésie andalouse. Cette dernière a une forme et une structure caractéristiques et est composée d'un « mouacheh » et d'un « el-zadjl ». Nourreddine Saoudi a essayé d'analyser la prosodie et la composition orchestrale. Sur le plan musical, cette forme particulière a des stances qui ne peuvent être identiques. « Il y a des sons différents dans la composition qui ne peuvent pas être identiques d'une stance à une autre ou encore d'un vers à l'autre », explique-t-il. Sur le plan culturel, le conférencier a révélé qu'au XVIIIe siècle, à la suite des agressions subies par le patrimoine musical, certains muftis algériens ont décidé de changer certaines paroles. Ils y ont intégré de la poésie religieuse. Le troisième aspect abordé est celui de la sauvegarde d'une mélodie. Les paroles sont remplacées par des d'autres plus élaborées. Poussant plus loin son argumentaire, Nourreddine Saoudi est convaincu que l'introduction de la musique andalouse dans les programmes scolaires dans tous les paliers avec des évaluations et des notations, contribuerait à sa sauvegarde. Concernant son dernier produit, la nouba Dziria, le chanteur souligne que c'est avant tout un hommage à Alger qui s'articule sur la structure de la musique andalouse avec ses différents mouvements mais se distingue, cependant, par le mode choisi, en l'occurrence le « sahli ». Nourreddine Saoudi a souligné l'importance de mettre à profit les savoirs scientifique, pédagogique et académique de la musique andalouse sous forme d'une stratégie pour « pouvoir aller de l'avant et détenir, entre autres, un langage scientifique en proposant et non en subissant ». « Les deux tiers des 900 poèmes chantés appartenant au patrimoine musical andalou d'antan ont été perdus », dit-il. La préservation du patrimoine musical « ne se limite pas uniquement à l'enseignement, aux enregistrements et encore moins aux classements décidés par certaines institutions. Un patrimoine musical n'est pas figé. Les créateurs doivent avoir de vraies connaissances en la matière pour rester fidèles à la mémoire de ce patrimoine musical, qui est par définition, un patrimoine intouchable », conclut-il.