Les taux de réussite aux épreuves du Brevet de l'enseignement moyen (BEM) n'ont pas manqué de faire réagir les enseignants. Dans une lettre envoyée au directeur de l'Académie d'Alger-Centre, des enseignants du centre de correction d'Ahmed Zabana de Hussein Dey (Alger) relèvent que l'examen était « loin d'être à la portée de tous les élèves ». « Seuls les quelques bons collégiens ont pu, selon eux, répondre aux questions. Celles de chimie et de physique notamment étaient pour le moins difficiles. » Ces enseignants battent en brèche les affirmations du ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, lequel a assuré, samedi, que « les résultats du BEM pour cette année sont parmi les meilleurs depuis l'indépendance. 50% des élèves l'ont obtenu avec de bonnes mentions ». Il ajoutera aussi que les « bons résultats obtenus aux examens du BEM signifient que nous avons remporté une bataille sur deux fronts, à savoir la qualité et la quantité ». Il table sur un taux de réussite de 70% au brevet « dans les trois prochaines années ». Pour les rédacteurs de la lettre, cette « frénésie des chiffres » chez le premier responsable du secteur ne peut cacher une véritable « débâcle » sur le terrain. Prise de court par les nouvelles réformes comme ses collègues, une enseignante de physique qui, sur les 236 copies qu'elle avait eu à corriger, a constaté que seule une quinzaine a pu être notée sur dix. Pour elle, les véritables instigateurs de ces réformes ne sont pas « des gens du terrain, des pédagogues de surcroît, mais de simples ronds-de-cuir, tapis dans leurs laboratoires. Les enseignants devant être associés ont joué le mauvais rôle, celui de boucs émissaires ». Pour les enseignants, les horaires consacrés aux seules épreuves de physique et de chimie ne peuvent permettre une compréhension de tout le programme, « très chargé d'ailleurs ». Ne pouvant terminer dans les délais, les enseignants étaient dans l'obligation de faire des cours supplémentaires ou encore distribuer des polycopiés. Les détracteurs du ministre assurent qu'il aurait été mieux de laisser s'habituer les élèves aux nouveaux programmes. « Le département de l'Education les considère comme de simples cobayes », s'indignent-ils.