La maison de la culture Mouloud Mammeri abrite depuis le 21 juin et ce jusqu'au 28 du même mois un colloque portant sur la résistance populaire de 1857 dans la région de Kabylie. L'initiative est d'un groupe d'associations, composé du conseil scientifique du musée du Moudjahid de M'Douha, l'association Tagrawla, des comités de villages et des personnalités de la société civile. L'objectif assigné à cette rencontre est de revisiter une page de l'histoire algérienne face à l'occupation coloniale depuis le débarquement de 1830 à l'arrivée de l'armée française en Kabylie en 1857. Selon les explications fournies par les intervenants lors de ce colloque, le choix de cette date n'est pas fortuit. Celle-ci correspond en effet à la prise de Larbaâ Nath Irathen par un corps expéditionnaire de 30 000 hommes menés par le général Randon. Les conférenciers n'ont pas manqué, par ailleurs, de mettre en relief la résistance farouche des tribus kabyles face à l'armada française et les événements qui ont marqué cette période. L'inaccessibilité et l'indépendance de cette région du pays pendant de longues années embarrassaient énormément les stratèges coloniaux, a indiqué Younès Adli écrivain journaliste dans une conférence intitulée « 1857 : la Kabylie à l'épreuve de la guerre de l'occupation ». Dérouté par la tournure des événements, le Maréchal Bugeaud a déclaré en 1842 devant le parlement français : « nous ne pouvons pas laisser faire. L'indépendance de cette région risque de compliquer la situation sur le terrain en Algérie. Le danger viendra de ce rocher (Djurdjura), devenu un refuge des insurgés », rapporte l'intervenant. S'étalant sur la politique du général Randon dans la région, il dira que cet officier est le premier à avoir donné ordre de « collationner » le maximum de droits coutumiers spécifiques aux habitants de cette région du pays dans le but de casser leur mode d'organisation sociale. Le rôle des « moussebline » et les tentatives d'évangélisation menées par des missionnaires ont été également abordés par M. Adli. De son côté, Kerdja Omar a restitué la vie et le combat de Lalla Fatma N'Soumer. Cette héroïne est la principale figure de la résistance de la Kabylie face à l'armée française à partir de 1850. En dépit de son jeune âge, elle donnera au général Randon ainsi qu'à son armée une leçon de courage bien que ceux-là étaient largement supérieurs en nombre et en matériel. Kacimi Zidane, historien, s'est intéressé au rôle des Ath Kaci dans la résistance à la colonisation. Dahlal Mouloud (dit Si L'hacène) et Aït Ahmed Ouali, officier de l'ALN, sont revenus respectivement sur les dimensions politique et spirituelle de la Tariqa Rahmania et la prise d'Icheridhen. Pour sa part, Yahi Mohamed a évoqué le rôle joué par la femme dans la résistance en citant comme exemple le parcours de Lalla Fatma N'Soumer. D'autres aspects de cette période de l'histoire ont été développés par les communicants. Des représentations théâtrales, des projections de films et des sorties dans des hauts lieux de la Révolution étaient également au programme de cette rencontre organisée sous le patronage du président de la République.