L'initiative est louable à plus d'un titre. A fortiori, elle permettra aux visiteurs de faire, à travers la reconstitution du patrimoine matériel et immatériel, un voyage dans le temps et faire découvrir à la jeune génération l'atmosphère feutrée dans laquelle évoluaient leurs aïeux. Soulignons que l'opération de restauration du musée, qui a nécessité plusieurs années, est achevée à plus de 95%. Actuellement, une entreprise est à pied d'œuvre pour réhabiliter le comble de la grande salle dont l'opération nécessite du temps et du savoir-faire, selon une source du musée, en attendant l'extension du musée, qui annexera une partie de 100 m2 extra-muros. Pour rappel, le palais Khedaoudj el amia fut construit en 1575 par Yahia Raïs sur une zaouïa désaffectée de Sidi Ahmed Abdellah ez-zouaoui. En 1789, Hassan, alors ministre des Finances (khaznadji) du dey Mohamed Ben Othmane, en aurait fait l'acquisition pour y loger sa fille Khdaouadj l'aveugle, d'où le nom de Dar Khdaouadj el amia. La famille Bacri y a élu domicile avant la conquête française et y installa la première mairie d'Alger. C'est sans doute à cette période, pense-t-on, que sa partie ouest fut agrandie, d'où des pièces d'une largeur inhabituelle. En 1947, il est affecté au service de l'artisanat (conservation des arts populaires). A l'indépendance, le palais est devenu le musée des Arts et traditions populaires. On y accède par une porte, en arc de plein cintre, plaquée de marbre. Une première entrée (squifa) décorée d'une fontaine servait aux ablutions des invités. Une deuxième squifa plus longue, bordée de banquettes, composées d'arcades en accolades, recouvrant des niches constituées de bancs de marbre. Les murs sont recouverts de faïence aux motifs floraux, mis en relief par une palette de couleurs où dominent le vert émeraude, le jaune ocre et le bleu d'Egypte. Sur la droite de cette squifa, un escalier conduit au niveau supérieur qui s'ouvre sur le patio que bordent quatre grandes pièces dotées de galeries. Par le même escalier, on accède au troisième niveau également bordé d'une galerie où se trouvent quatre pièces réparties de chaque côté du patio. Ces pièces sont d'inégales dimensions, la plus grande a subi des transformations datant de 1860. La collection du musée abrite plus de 3000 objets appartenant à différents corps de métier, comme la tapisserie, le tissage, la broderie, les bijoux, la vannerie, le mobilier, la poterie, le costume, la boissellerie, l'armement, le cuir, des instruments de musique, des pièces de dinanderie et une collection de tableaux. En 2001, l'ambassade des Etats-Unis a consenti un don de 14 500 dollars au profit du musée pour la restauration de trois tableaux des artistes peintres Omar Racim, Mohamed Kechkoul et Chérifa Hamimoumna. Les œuvres plastiques, dont la restauration a été confiée à la spécialiste Mme Florence Herrenschmidt, seront exposées prochainement.