Le Premier ministre ivoirien Guillaume Soro s'en est sorti indemne d'une tentative d'assassinat perpétrée dans la matinée de vendredi dernier. L'avion dans lequel se trouvait Guillaume Soro, à la tête d'une importante délégation, a essuyé un tir de roquette alors qu'il atterrissait sur l'aéroport de Bouaké, dans le centre de la Côte d'Ivoire. Cet attentat, unanimement condamné à l'échelle internationale, intervient au moment où la Côte d'Ivoire s'engage dans un processus de paix et de réunification du pays qui avait été divisé en deux suite à la tentative de coup d'Etat contre le président Laurent Gbagbo en septembre 2002. Guillaume Soro, secrétaire général des Forces nouvelles (FN) entrées en rébellion contre le pouvoir central et qui contrôlaient le nord du pays, a été l'un des artisans des accords de Ouagadougou (Burkina Faso) qui laissaient entrevoir la fin d'une crise qui paralysait la Côte d'Ivoire après que les précédents accords de Marcoussy (France) soient devenus caducs. Guillaume Soro, nommé Premier ministre en avril dernier par le président Gbagbo, a engagé la mise en place du retour à la normale en conformité avec la feuille de route définie par les accords de Ouagadougou. Parmi ses priorités institutionnelles figurait la mise à niveau de l'appareil judiciaire ivoirien voué à être le même dans toutes les parties du pays. Il avait fait le voyage de Bouaké pour lancer officiellement le redéploiement de l'administration dans le nord de la Côte d'Ivoire, un geste fort dont la connotation politique ne pouvait pas échapper aux observateurs. En tentant de l'assassiner à Bouaké, ville sous contrôle des Forces nouvelles dont Guillaume Soro est le chef, les auteurs de l'attentat ont manifestement cherché à empêcher l'option de la paix. La question se pose alors de savoir qui a intérêt à saper le processus de retour à la normale en Côte d'Ivoire, étant entendu que la crise durable qui secoue le pays ne profite pas aux Ivoiriens privés de stabilité et de sécurité depuis de trop nombreuses années. La guerre ne peut bénéficier qu'aux marchands d'armes et aux cercles occultes qui se sont spécialisés dans l'ouverture de foyers de tension dans des pays qui ont le potentiel nécessaire pour décoller économiquement et assurer le bien-être des populations. Une enquête a été ouverte après l'attentat contre Guillaume Soro, car les derniers bilans font état de quatre morts et d'une dizaine de blessés. Des responsables proches du Premier ministre ivoirien ont annoncé des arrestations sans donner davantage de détails à ce stade des investigations. Mais d'ores et déjà, il est avéré que la tentative d'assassinat de Guillaume Soro a suscité une grande émotion en Côte d'Ivoire, mais aussi partout dans le monde, car à travers le Premier ministre c'est l'unité de la Côte d'Ivoire qui était clairement visée. A Bouaké, c'est un symbole que le tir de roquette a voulu atteindre.