L'été 2007 s'annonce véritablement à haut risque dans le secteur de la restauration à Annaba. Jamais les lieux publics de la restauration (restaurants, gargotes, fast-foods, cafétérias...) n'ont atteint un degré aussi élevé de saleté et d'absence d'hygiène. On peut même dire que la situation est alarmante. Hier épargnés par ce qui ressemble à un fléau, les établissements de restauration, y compris ceux du secteur public (ils sont rares), ont suivi la cadence. Les lieux donnent beaucoup plus l'image de dépotoirs avec des odeurs et des relents insoutenables. Tant et si bien que beaucoup se posent des questions sur la capacité des éléments du Bureau communal d'hygiène (BCH) à endiguer le phénomène. Certes, au 31 mai 2007, ces mêmes éléments ont sévi sur plus des 2/3 des établissements de consommation qu'ils ont inspectés. Ils ont même entraîné la fermeture administrative de 11 de ces établissements et 5 autres fermetures définitives. Il leur était reproché la saleté insoutenable des lieux et la commercialisation de produits alimentaires avariés. Ils ont parallèlement mis en demeure 289 commerces du même secteur de se conformer aux dispositions réglementaires en matière d'hygiène des locaux et propreté corporelle des préposés au service. Ces chiffres ne reflètent, en fait, qu'une infime partie du nombre d'infractions à l'hygiène et à la conformité des produits. Ils auraient pu être plus importants si les effectifs du BCH étaient plus nombreux. Particulièrement durant la période estivale propice à la prolifération des commerces occasionnels. La décision prise par la commune de renforcer son dispositif de contrôle avec la mise en place de deux brigades multidisciplinaires peut être d'un bon apport. Tout autant que la création d'une brigade spéciale ayant pour mission d'intervenir tout le long du littoral durant la période estivale. Elle a déjà procédé au contrôle des restaurants, gargotes, self-services et pizzerias en activité à la cité Oued Kouba et Rizzi Amor. Cette campagne de contrôle devrait toucher la majorité des 17 000 commerces et établissements spécialisés dans la restauration et autres produits destinés à la consommation. Il était temps, car le commerce des produits alimentaires périmés a pris de l'ampleur. C'est le cas en ce qui concerne le poulet rôti au charbon. En fait, ce procédé permettait à un commerçant de masquer la puanteur des poulets avariés. En possession de plusieurs centaines, il les mettait en vente lorsqu'il fut surpris en flagrant délit. « C'est tout simplement de l'inconscience, d'autant que l'intoxication alimentaire par viande blanche est plus dangereuse que toute autre. Il a payé son inconscience par une décision de fermeture de son commerce. Il dit avoir le bras assez long pour rouvrir rapidement et faire ce qu'il veut » affirme un des cadres du BCH. « Avoir le bras long » : c'est ce principe qui semble avoir cours à Annaba. En effet, de nombreuses décisions de fermeture n'ont pas été suivies d'application. Cette situation est confirmée par M. Boumahraz, directeur du BCH : « Bien que la santé des citoyens soit en jeu, plusieurs décisions de fermeture n'ont pas été suivies d'effet. Une enquête est actuellement en cours pour situer les responsabilités. Les services d'urgences médicales enregistrent des dizaines de cas d'intoxications alimentaires, pouvant être mortelles, dues essentiellement à la consommation de produits périmés et de viandes avariées ».