Parce qu'ils ont osé dénoncer les clauses de leurs contrats de travail à durée déterminée auprès de l'inspection générale du travail, une soixantaine de stewards et d'hôtesses de l'air, formés par Khalifa Airways et recrutés en 2004 par Air Algérie, s'est retrouvée sous le coup d'une menace de mise au chômage. La direction des ressources humaines de la compagnie de transport aérien vient de leur faire savoir l'expiration de leur contrat de travail. La majorité d'entre eux a décidé de saisir les plus hautes autorités du pays pour protester contre ce qu'ils ont qualifié de « représailles » à leur encontre, pour avoir réclamé leurs droits. « Nous avons estimé que les clauses du contrat qui nous lie à la compagnie sont discriminatoires. Nous n'avons pas les mêmes salaires que les autres stewards et hôtesses, de même que nous n'avons pas droit aux allocations en devises, alors que nous avons des séjours à l'étranger tout autant que les autres collègues. Même les primes spécifiques allouées au personnel navigant (PNC) nous ont été enlevées. Ce que nous avons jugé comme étant discriminatoire. Après concertation, nous avons décidé de saisir l'inspection du travail. Une rencontre de réconciliation était programmée pour le 10 juin dernier, mais le représentant de la compagnie n'a pas daigné se présenter », a déclaré un des nombreux stewards qui se sont déplacés hier à la rédaction. Exhibant les contrats de travail et les correspondances adressées à la direction générale d'Air Algérie, ils expliquent que la réaction de l'administration a été « brutale », puisque « bon nombre des collègues ont été convoqués et sommés de signer un engagement faisant état de leur désistement de toute poursuite contre la compagnie, fût-elle auprès de l'inspection du travail. Nous étions au départ 69 et les menaces et intimidations ont réduit l'équipe à 33 seulement, décidés à aller très loin pour arracher nos droits ». Les contestataires se sont interrogés sur les raisons qui ont abouti à ce « durcissement » de la position de la compagnie, alors qu'ils se disent « ouverts au dialogue ». Dans une lettre qu'ils ont adressée le 30 juin 2007 au président-directeur général Tayeb Benouis, ils lui expliquent que le recours à l'inspection générale du travail a été l'ultime mesure, « après que les trois correspondances faisant état des violations de la réglementation (du travail) sont restées sans réponse ». Ils laissent croire que dans la gestion de ce dossier « il y a eu manipulation et une volonté de nuire aux intérêts de la compagnie à la veille de la saison estivale ». Ils se sont interrogés en outre sur les raisons de la mise au chômage d'une centaine de stewards et d'hôtesses, formés et expérimentés, pour les remplacer par d'autres que la compagnie « compte recruter » prochainement. Nos interlocuteurs se préparent à transmettre en dernier ressort une lettre aux plus hautes autorités du pays, dans l'espoir d'aboutir à une solution et éviter que « des dizaines de familles rejoignent les rangs des chômeurs ». Du côté des différents syndicats, que ce soit de l'entreprise ou du personnel navigant, aucune réaction n'a été enregistrée. Pour leur part, les dirigeants de la compagnie étaient injoignables. Contacté, le chargé de l'information nous a orientés vers le responsable concerné par ce dossier, mais lui aussi était indisponible. Il avait déclaré à la presse que l'administration « a proposé des contrats à durée indéterminée accepté par une vingtaine de stewards et d'hôtesses et les autres ont refusé ». Ce que les contestataires nient catégoriquement, arguant du fait que les courriers de fin de contrat leur ont été adressés le 30 juin dernier. « Nous avons été programmés pour la saison estivale, et voilà que le 30 juin, la compagnie nous transmet des lettres pour nous faire savoir l'expiration du délai de nos contrats à durée déterminée. Est-ce que cette démarche correspond aux propos tenus par les responsables ? C'est une preuve que les mesures prises à notre encontre répondent à une volonté de sanctionner ceux qui ont osé dénoncer auprès de l'inspection générale du travail, une violation de nos droits... », explique un des stewards. Entre les propos des uns et les réponses des autres, ce sont une soixantaine de jeunes dont l'avenir est suspendu aux seules décisions des dirigeants d'Air Algérie. En l'absence de réaction syndicale, les concernés sont appelés à mener seuls leur combat.