Les mouvements de protestation des syndicats de la Cnan, l'ENMTV et depuis hier des PNC d'Air Algérie mettent le secteur des transports en ébullition. Le personnel navigant et commercial d'Air Algérie a observé, hier, du matin jusqu'au-delà de l'heure du ftour, un rassemblement devant les locaux de leur service à l'aéroport international Houari Boumediene. Une cinquantaine de stewards et d'hôtesses se relayaient sur le lieu du sit-in au gré des arrivées et des départs des vols Air Algérie. L'une des pancartes, brandies par les contestataires, portait le slogan des jeunes françaises d'origine maghrébine habitant les banlieues parisiennes : “Ni putes ni soumises.” Les hôtesses d'Air Algérie revendiquent par-là leur droit à faire partie du personnel des vols longs courriers à partir d'Alger à destination de Dubaï, Damas et Bamako. “C'est une discrimination à leur égard que de leur refuser de travailler sur ces vols night stop vers ces destinations au motif qu'elles sont des femmes”, s'insurge Arezki Ouyahia, président du syndicat d'entreprise affiliée à l'UGTA. Il regrette aussi que le personnel navigant et commercial ne bénéficie pas des primes de survol de zones inhospitalières et de hors bases. “Ces primes existent pourtant dans la grille des salaires d'Air Algérie et sont déjà servies. Nous représentons le service le plus mal payé d'Air Algérie”, ajoute notre interlocuteur. Il parle, en outre, du mauvais traitement salarial dont souffrent les stewards et les hôtesses, récupérés de la compagnie aérienne Khalifa airways après sa liquidation. “Ils touchent à peine 20 000 dinars par mois et ne reçoivent pas le pécule en devise dont ils ont droit pour combler les trous de caisses. La direction leur a demandé de convertir leurs dinars au marché parallèle du square Port-Saïd”, rapporte M. Ouyahia. Il se plaint également des problèmes de passe-droit et de hogra dont sont victimes les membres du PNC. Le rassemblement d'hier est, selon les syndicalistes, une première forme de protestation contre les conditions de travail du personnel navigant et commercial d'Air Algérie avant de pousser le mouvement vers une grève générale, si les revendications soumises à la direction générale de la compagnie aérienne nationale ne sont pas satisfaites. Le ton d'Arezki Ouyahia n'admet aucune équivoque. “Nous irons aussi loin que possible si nous n'obtenons pas gain de cause”, nous déclare-t-il. “Le P-DG d'Air Algérie est parfaitement informé de nos revendications”, précise-il. Pourtant, la direction générale de la compagnie aérienne oppose jusqu'alors une fin de non-recevoir aux exigences de ses salariés. Une source proche du secteur affirme que le patron d'Air Algérie ne fait qu'appliquer la réglementation internationale en matière de navigation internationale. Elle n'aborde, néanmoins, pas la problématique des salaires et des primes. Refusant de s'exprimer sur les menaces de grèves qui proviennent de différents domaines des transports, la tutelle adopte l'attitude du “wait and see”, en espérant peut-être que la colère des salariés du secteur tombera sans faire trop de dégâts. Souhila H.