L'accident de décompression (ADD) peut survenir au cours de la plongée. Ceux qui en sont victimes sont les plongeurs qui descendent profondément ou trop longtemps et qui remontent rapidement sans respecter les différents paliers. Une fois que la victime est prise en charge dans un centre de médecine hyperbare, elle sera recomprimée en caisson. Il n'en existe que deux en Algérie ; l'un à l'unité d'intervention de la protection civile d'Alger et l'autre à Oran. La direction de la Protection civile est la seule à l'exploiter depuis son acquisition en 2002. Formés depuis cette année, Hocine Fenane, moniteur et manipulateur de la « chambre », Habi Karim médecin hyperbariste et le capitaine Aït Alia, chef de service de l'administration et logistique nous ont présenté les différents accessoires. Le caisson est composé de deux compartiments. Le principal est celui où peuvent être placés deux patients, l'autre, plus petit, permet le transfert sans le changement de pression des accompagnateurs. Celui-ci, permet l'action du médecin qui comprime à la même pression et décomprime par la suite. L'oxygénothérapie hyperbare (OHB) est destinée, assure Habi, à administrer de l'oxygène pur à des pressions supérieures à celles de l'atmosphère. Les pompiers l'utilisent dans trois cas : « les accidents de décompression, les intoxications au monoxyde de carbone ou encore les intoxications aux fumées d'incendie ». « On recomprime la victime de l'accident de plongée selon les tables thérapeutiques les plus récentes et suivant toujours les recommandations de médecins hyperbarristes », assure Fenane. D'autres accessoires tout aussi nécessaires s'y greffent, tels que le stock d'air de 8 bouteilles de 50 litres. La victime est accompagnée d'un secouriste et d'un médecin habitués aux variations de la plongée sous-marine. Trois cas ont été traités dans le caisson depuis sa mise en service. Kesseli Farouk, plongeur au Laboratoire d'étude maritime (LM) est l'un d'eux. Il fut victime d'un ADD, mais il ne s'en est aperçu qu'en retard « J'ai effectué ma plongée normalement. Je suis resté 40 minutes à une profondeur de 18 mètres. Au cours de la remontée j'ai senti une douleur dorsale mais j'ai cru que c'était dû à la bouteille que j'avais sur le dos. A la surface, j'ai eu la jambe gauche bloquée. A l'hôpital Mustapha, j'ai écarté l'accident de décompression », soutient le plongeur qui a affirmé avoir respecté les paliers. Kesseli fut pris en charge par les médecins hyperbaristes. « La victime a fait des séances de quatre périodes, chacune d'elle de 30 minutes ; 25 minutes à l'oxygène et 5 minutes à l'air. Au bout de la quatrième séance, Kesseli avait récupéré 95% de ses capacités motrices. On l'a libéré au bout de la quatrième séance et orienté vers la rééducation chez un neurologue », assure Habi. Plus compliqué est l'autre cas traité, il concerne un plongeur professionnel de la Protection civile. Berkane, moniteur, était dans la courbe de sécurité « J'ai été agressé par une rascasse qui m'a contraint à remonter rapidement. Normalement je devais replonger, mais c'était trop tard, puisque j'avais dépassé les trois minutes. J'ai cru que les fourmillement étaient dues à une morsure », soutient Berkane. « On m'a fait une injection, rien n'y fit, les douleurs étaient toujours là. J'étais paralysé », joute-t-il. Habi assure que Berkane a eu un accident de décompression de type médullaire. Reste que sa prise en charge s'est faite en retard, alors qu'elle aurait dû être entreprise dans les 30 minutes ou dans les 6 heure qui suivent l'accident de décompression. Lui, est resté plus de 11 heures. « Il était complètement paralysé et avait des troubles sensitifs au niveau du thorax. On peut estimer la récupération à 60%. Il a récupéré la motricité et ses réflexes », affirme Habi l'hyperbariste. « Le dévouement de l'équipe est pour quelque chose. S'il a bien récupéré, c'est qu'il avait de la volonté et le directeur général m'a donné carte blanche. J'ai été épaulé par le chargé du service de réanimation à l'hôpital Mustapha, le chef de service neurochirurgie de l'hôpital de Bab El Oued », affirme Habi qui, lui aussi, a été formé à Marseille, comme c'est le cas pour 15 autres officiers de la Protection civile.