A chaque nation ses repères. Les idéaux de Novembre 54 sont ceux de la nation algérienne. Le président Bouteflika trouve que la jeunesse algérienne ne s'est pas convenablement imprégnée de ces valeurs. S'exprimant jeudi à travers un discours à l'occasion de la fête de l'Indépendance, le chef de l'Etat regrette que cette jeunesse, qui constitue plus des deux tiers de la population et à laquelle il revient, aujourd'hui, de bâtir le pays, ne connaisse pas suffisamment l'histoire contemporaine de l'Algérie. Abdelaziz Bouteflika ne situe cependant pas les responsabilités de chacun dans cette méconnaissance. « Le peuple algérien, à travers sa Révolution, a écrit l'une des pages les plus glorieuses du combat de l'homme pour sa dignité et son droit au progrès (...) par ses seules forces, puisées du fond de la nuit coloniale où il était enfermé, par son courage et des sacrifices inouïs, a pu se libérer d'une oppression séculaire, brutale, criminelle, spoliatrice de tous ses droits et qui voulait extirper jusqu'à sa mémoire pour lui dénier toute identité », fait-il rappeler, rendant hommage au million et demi de martyrs qui se sont sacrifiés pour que l'Algérie recouvre son indépendance. « Nous devons, ajoute-t-il, nous remémorer tout ce qu'a été, à travers les innombrables actes d'héroïsme individuel, la foi dans la patrie et dans son avenir, tout ce qu'a été la force de l'attachement aux principes de justice et de dignité ». De tels rappels historiques sont, à ses yeux, indispensables pour la jeunesse afin qu'elle comprenne « combien est précieux le droit à sa patrie, ce droit qui a été arraché au prix le plus fort, combien est précieux le droit à la dignité, conquis sur un système colonial oppresseur et raciste qui, pendant plus d'un siècle, a condamné le peuple algérien au mépris, à l'ignorance et à l'exploitation ». Il juge « nécessaires » ces rappels, non pas pour « exacerber un quelconque chauvinisme national » ni pour « entretenir de quelconques ressentiments » ni même pour « légitimer de quelconques droits ou privilèges au nom des sacrifices du passé ». C'est capital dans le sens où les jeunes générations, appelées aujourd'hui à relever le défi de la reconstruction de l'Algérie, doivent avoir des repères qui leur permettront de conserver les valeurs morales, cultuelles et culturelles de la nation. Cela est d'autant plus important, selon lui, en ce moment où l'Algérie « est engagée dans de vastes programmes pour asseoir les bases d'un essor qui doit la mettre au diapason et au rythme du progrès dans le monde ». Le président Bouteflika appelle à ce que l'on se garde « des chantres sempiternels et infatigables du doute et du renoncement », relevant que la foi dans le pays, dans ses ressources profondes et son génie propre « a été un élément décisif du combat du 1er Novembre ». S'il y a une grande leçon à tirer de l'histoire, estime-t-il, c'est bien celle de « l'unité nationale ». Il précise que cette unité, qui est « le bien commun le plus précieux », fut à la fois le moyen de la victoire et l'un de ses buts permanents. Il inscrit la réconciliation nationale, projet qu'il a lancé depuis près de deux ans, parmi les plus grands efforts de l'Etat visant à consolider cette « unité nationale » sérieusement entamée durant la décennie de 1990. Le président de la République, qui a dénoncé à maintes reprises ces (jeunes) Algériens qui partent à l'étranger et laissent leur pays en jachère, espère voir renaître le « nationalisme » qui a guidé la Révolution. Un nationalisme où tout Algérien contribuera à sa manière pour construire l'avenir du pays.