Seuls 4% des propriétaires particuliers de biens immobiliers ont souscrit un contrat d'assurance contre les catastrophes naturelles pourtant obligatoire, selon M. Latrous, président-directeur général de la Société algérienne des assurances (SAA) et président de l'Union des assureurs et réassureurs algériens, en marge de la conférence finale sur le programme d'appui à la maîtrise du risque des catastrophes naturelles, tenue hier à l'hôtel El Aurassi. « Sur deux millions de logements assurables, 4% seulement sont assurés », a-t-il précisé. Les commerçants ne font pas mieux. Peu d'entre eux sont assurés, a regretté M. Latrous. La loi 03-12, promulguée le 26 août 2003, a rendu obligatoire la police d'assurance contre les catastrophes naturelles pour tous les biens immobiliers, qu'ils soient à usage d'habitation, commercial ou industriel. Mais force est de constater que ce texte juridique n'a pas eu l'effet escompté. Selon M. Latrous, même les mesures contraignantes prises par les pouvoirs publics pour pousser les particuliers et les commerçants à assurer leurs biens immobiliers contre les catastrophes naturelles ont été vaines, les services du fisc et les notaires ne jouant pas le jeu. « Il a été imposé aux commerçants de présenter un justificatif attestant qu'ils ont souscrit un contrat d'assurance contre les catastrophes naturelles avant de faire leur déclaration fiscale. Tous les gens qui veulent faire des actes pour une location ou une vente chez le notaire doivent aussi fournir ce document », a souligné M. Latrous. Le prix de la prime d'assurance contre les catastrophes naturelles, qui varie entre 800 et 3000 dinars par an, ne fait pas partie des facteurs dissuasifs, estime M. Latrous. Le chef de l'équipe d'assistance technique du programme d'appui à la maîtrise du risque catastrophes naturelles, financé par la Commission européenne, Serge Stagnoli, a abondé dans le même sens. Selon lui, le manque d'information est à l'origine de cette situation. L'audit réalisé avant le démarrage de ce programme a démontré que la faiblesse des compagnies d'assurances dans la branche catastrophes naturelles réside dans leur incapacité à vulgariser ce nouveau produit mis sur le marché en 2004. « Les compagnies d'assurances algériennes sont très fortes dans le domaine technique, mais n'ont pas la culture commerciale dont l'aspect marketing. Nous avons essayé, à travers ce programme, de la leur inculquer », a affirmé M. Stagnoli. La conception d'une campagne de sensibilisation grand public et l'élaboration d'un plan média ont été parmi les points développés durant ce programme financé par la Commission européenne, qui a dégagé un budget de 1,4 million d'euros à cet effet. Cette campagne, qui sera à la charge des compagnies d'assurance, sera lancée au mois de novembre prochain pour marquer le triste anniversaire des inondations de Bab El Oued. Selon Nouredine Messouadi, directeur des risques industriels à la SAA, « une progression est enregistrée chaque année dans la branche catastrophes naturelles ». Il souligne néanmoins que seules les régions ayant déjà été touchées par un séisme ou des inondations enregistrent un engouement pour cette police d'assurances. Le centre du pays arrive en tête, a-t-il relevé. Pierre Gueneau, directeur de l'unité de gestion du programme d'appui à la modernisation du secteur financier, soutient de son côté qu'« il ne faut pas laisser les gens prendre conscience de l'importance de cette assurance uniquement après les catastrophes ».