Le redémarrage du haut fourneau n°1 du complexe sidérurgique d'El Hadjar (Annaba), désormais patrimoine de la société indienne LNM, a été un des faits majeurs qui ont marqué les cérémonies de ce 1er Novembre à Annaba. L'activité de ce potentiel de production d'une capacité de 600 000 tonnes a donc repris avec le lancement de la première coulée symbolique prévue pour être versée hier à 23h, soit douze heures après la mise à feu. Mis en production le 24 février 1969, le complexe d'El Hadjar produisait 1500 tonnes/jour d'acier avant que cette capacité ne soit renforcée par l'inauguration en 1980 du deuxième haut fourneau de 3500 tonnes/jour. La production des 2,2 millions tonnes/an maintes fois annoncée par les dirigeants de Sider relevait de l'utopie même après les multiples réhabilitations des deux hauts fourneaux engagées sous la gestion de cette entreprise publique économique. La dernière de ces réhabilitations concernait le haut fourneau n°1. Entamée en 1997, elle avait coûté 30 millions de dinars au Trésor public. Elle ne servira à rien en ce sens que des démarches avaient été engagées par l'Etat pour la privatisation du complexe avec cession de 70% des actions détenues par Sider. Pour éviter les mouvements de colère des travailleurs et de leur syndicat conduit par Aïssa Menadi, son secrétaire général, l'on avait pris le soin de créer un dossier sur des malversations supposées de cadres dirigeants. Maintes fois convoqué par les magistrats, Menadi n'aura pas le temps de s'intéresser à la mise à l'arrêt définitive de la production du haut fourneau n°1, pourtant prêt à produire. Pour la consommation publique, l'on avait argumenté une capacité de production de ce haut fourneau plus forte que celle pouvant être prise en charge par l'aciérie. Cette mise à l'arrêt durera le temps des négociations avec les Indiens du groupe LNM qui prendront possession du complexe sidérurgique fin 2001. Le contrat de cession signé entre Sider et le groupe LNM, représenté par sa société Ispat, était nettement à l'avantage de ce dernier. Ce qui n'a pas été le cas pour ce groupe lors de la transaction qu'il a réalisée en octobre 2004 pour acquérir le complexe sidérurgique américain de la société Betlem Steel aux Etats-Unis d'une capacité de 22 millions de tonnes/an en produits plats principalement destinés à la construction automobile. Cette acquisition permettra au groupe LNM de fusionner avec son alter ego, le hollandais NV, pour donner naissance à Mittal Steel. C'est donc sous cette casquette et avec le titre de n°1 mondial de la sidérurgie que M. Kumar, le président-directeur général d'Ispat-Annaba, s'est adressé aux autorités civiles et militaires qu'il avait invitées pour la mise à feu du haut fourneau n°1, dont la révision avait duré de 2001 à septembre 2004. Le formalisme exacerbé relevé dans le discours du responsable indien n'est pas passé inaperçu, notamment lorsqu'il a affirmé : « Malgré les lenteurs et difficultés auxquelles nous sommes confrontés, nous devons atteindre une production de 1,5 million tonnes en 2005 pour arriver quelques années après à 5 millions de tonnes. Nous avons tenu à faire coïncider cette inauguration avec la célébration du 50e anniversaire du déclenchement de la lutte du peuple algérien pour son indépendance. Ce qui est tout un symbole. » Même s'il n'a pas raté l'occasion de montrer toute l'attention qu'il porte aux sidérurgistes et à ses hôtes indiens, le wali a su aussi les traiter à l'ancienne en précisant plus subtilement à l'intention du PDG d'Ispat et au partenaire syndical de ce dernier représenté lors de la cérémonie par M. Kouadria tout ouïe : « Je ne veux plus entendre parler de recrutement anarchique de travailleurs à l'origine des malheureux événements que notre wilaya a vécus durant cet été. Il y a des lois en Algérie et il faut qu'elles soient respectées. » Ce formalisme exacerbé du responsable d'Ispat-Annaba pourrait trouver son explication dans ses relations tumultueuses avec les syndicalistes et les problèmes de gestion créés.