La presse et l'opinion publique britanniques ont pris le parti de John Kerry dans l'élection présidentielle aux Etats-Unis. Le dernier sondage d'opinion fait en effet ressortir que plus de 65 % des Britanniques voudraient voir le sénateur démocrate remporter la victoire, « pas parce qu'il attendent de Kerry un changement radical de la politique américaine dans tous les domaines, mais parce qu'ils considèrent Bush comme un danger pour l'humanité », écrit The Daily Mirror. Du Protocole de Kyoto, en passant par l'ONU et les organisations internationales, ainsi que la guerre contre l'Irak, « Bush et sa clique de néoconservateurs n'ont affiché que mépris pour tout ce qui peut être réglé par la voie de la négociation », écrit le journal. De son côté, The Economist, cet hebdomadaire de centre droit que l'on surnomme la « bible » des milieux financiers, abandonne Bush au profit de Kerry. Entre George Bush, « l'incompétent » et John Kerry « l'incohérent », l'hebdomadaire britannique a choisi son camp et préfère le sénateur démocrate : « Le cœur lourd, nous pensons que nos lecteurs américains devraient voter pour John Kerry le 2 novembre. C'est un appel difficile pour nous, étant donné que nous avons soutenu George Bush en 2000 et approuvé la guerre en Irak. Mais, finalement, nous jugeons qu'il s'est montré trop incompétent pour mériter d'être réélu. » « La bataille de cette année, écrit le rédacteur en chef Bill Emmott, oppose deux hommes pleins de défauts. George Bush a voulu être un président radicalement transformateur, mais n'a jamais vraiment semblé à la hauteur de son job. John Kerry semble s'être fait une ferme opinion sur quelque chose une seule fois dans sa vie, et c'était il y a trente ans. Mais, finalement, notre instinct nous conduit vers le changement plutôt que vers la continuité, vers Kerry, pas vers Bush ». S'agissant de Kerry, The Economist lui reproche ses « oscillations », cette tendance « inquiétante » à changer d'avis, qui pourraient refléter « un pur opportunisme » dans un système où, compte tenu du « rôle substantiel du Congrès », les Présidents devraient d'abord être choisis en fonction de « leur tempérament ». Parmi les arguments en faveur de John Kerry, le journal cite « sa détermination » et « sa volonté », dont attestent, dans cette campagne, ses qualités de « finisseur ». Pour sa part, le journal de centre gauche, The Guardian, écrit dans son éditorial que « Bush s'est avéré être un échec monumental pour le pays le plus puissant de la planète ». « Il a rendu le monde plus en colère, plus dangereux et plus divisé. C'est la raison pour laquelle nous nous sentons concernés et appelons les Américains à voter pour John Kerry mardi », note The Guardian. Et d'ajouter : « Un monde où règne plus de sécurité a besoin non seulement l'exemple du pouvoir américain, mais également du pouvoir de l'exemple américain. » Le journal conclut que « Bush a fait plus que n'importe quel autre Président américain pour détruire le nom de l'Amérique. Kerry offre cette chance de pouvoir réparer les dégâts. C'est aussi simple et aussi important que cela. »