A la veille de la présentation en plénière à l'Assemblée populaire nationale du projet de révision de la loi électorale, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales est revenu encore une fois sur les justifications qui motivent une telle entreprise. Invité de la radio Chaîne III, Noureddine Yazid Zerhouni estime que l'objectif est de « mettre fin à la dispersion des votes, au trabendisme et à la spéculation financière en politique ». Se défendant de faire œuvre de discrimination et de porter atteinte aux règles démocratiques, le ministre précise que « si le système électoral basé sur la proportionnelle est le plus démocratique en permettant à un large éventail de sensibilités politiques de se présenter, il présente toutefois un inconvénient dans le fait qu'il participe à l'émiettement et à la dispersion des partis politiques, rendant difficile de faire la différence entre un parti et un autre », dira-t-il. Autre motivation que Zerhouni trouve plus sérieuse, l'apparition d'une forme de « trabendisme politique ». « L'argent a joué un rôle dans l'achat de cautionnement de listes électorales, et c'est le fait de partis qui n'ont pas d'ancrage », martèle l'hôte de « L'invité de la rédaction », en soulignant que les précédentes consultations électorales ont assisté à l'apparition de candidatures fantaisistes. Zerhouni ira jusqu'à rendre ces petits partis responsables de l'historique taux d'abstention enregistré lors des dernières législatives. « Leur participation a rendu le choix des citoyens plus difficile, une majorité d'entre eux ont défendu le programme du Présidents ce qui a contribué à brouiller le choix du peuple », indique le ministre en les accusant d'avoir « vendu leur sigle, c'est scandaleux ». Le premier responsable du département de l'intérieur précise que la scène politique compte seulement neuf partis qui arrivent à obtenir plus de 4% des voix lors de consultations électorales alors qu'une vingtaine d'autres obtiennent moins de 4% des suffrages. « il ne s'agit pas pour nous de dissoudre ou d'exclure des partis, ils auront toute la faculté d'agir, de travailler et de poursuivre leurs activités politiques », note l'invité de la radio. Le même responsable apportera la précision que ces partis seront soumis à l'obligation de trouver un parrainage capable de leur assurer l'ancrage qu'ils n'arrivent pas à avoir seuls. « Le parrainage peut être donné par des signatures directes de citoyens lorsqu'il s'agit d'un candidat qui n'a pas d'appartenance politique. Aussi, nous considérons qu'un candidat ou une liste de candidats a une assise lorsqu'elle est parrainée par un parti politique ayant une existence réelle au niveau national », note le ministre de l'Intérieur. Tout en reconnaissant que ce projet de loi peut « paraître arbitraire », Zerhouni estime qu'il correspond à la réalité sociopolitique algérienne. Interrogé sur la volonté de changer le paysage politique algérien en le scindant sur deux grands partis, Zerhouni a répondu que ce n'est pas encore l'objectif à atteindre, « notre but c'est de rendre le choix plus clair et intelligible pour les citoyens. » Quant à l'éventuelle saisine du Conseil constitutionnel par les partis concernés par ladite révision, le ministre de l'Intérieur s'est contenté d'apporter la précision que « le Conseil constitutionnel ne souhaite pas avoir une caricature de démocratie ». Sur le chapitre de la révision du code des communes et de wilayas, Yazid Zerhouni a noté que le rôle du nouveau code consistera à offrir « la possibilité de donner une réelle majorité au niveau des instances locales et non pas de donner plus de prérogatives à l'administration », dira-t-il. Et d'ajouter : « Le nouveau code apportera les conditions d'une transparence dans la gestion locale et fera en sorte que les APC et APW deviennent des moteurs outillés de nouvelles attributions et des moyens pour exercer ces attributions ». Ceci en sus de la mise en marche de la réforme de la fiscalité locale.