Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, invité de la radio Chaîne I, a saisi l'occasion pour revenir sur l'ensemble des questions de l'actualité nationale. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Noureddine Yazid Zerhouni, était hier l'hôte de la radio Chaîne I. Une occasion pour lui de revenir sur l'ensemble des questions de l'actualité nationale à commencer par la révision de la loi électorale. À ce sujet, et à la question de savoir le sort qui sera réservé aux petits partis, au risque de les voir disparaître à la lumière des amendements apportés à la loi électorale, le ministre de l'Intérieur répondra par la négative : “Non, nous n'allons pas dissoudre ces partis, ils resteront”, dira-t-il tout en précisant que l'essentiel pour ces partis “est qu'ils démontrent leur ancrage populaire”. À ce propos, le ministre de l'Intérieur n'a pas manqué d'expliquer les fondements à l'origine de la révision de la loi électorale. “Les élections du 17 mai dernier ont mis en évidence deux préoccupations, la première est l'éclatement des forces politiques qui a pour conséquence de ne pas leur permettre de prendre en charge les besoins citoyens et la deuxième étant le business autour des listes électorales”, note Zerhouni non sans donner de plus amples explications sur l'argent qui a été très présent pendant les dernières législatives. “Il y a eu un véritable business autour des listes électorales où des gens ont donné des sommes faramineuses d'argent pour figurer sur les listes électorales”, dit-il avant de préciser que “ces sommes s'élèvent dans certains cas à 150 millions de centimes”. Le ministre de l'Intérieur reviendra également sur l'ancrage des partis politiques. “Il y a des gens qui utilisent le sigle de partis agréés qui ne se manifestent jamais et sans aucun ancrage pour se porter candidats, tout comme il y a des gens qui vous présentent une liste de candidats inconnus auprès de la population”, explique-t-il. Pour l'hôte de la radio Chaîne I, ces comportements ont été favorisés par les “carences qui existent dans la loi électorale”. D'où l'impératif de la réviser, dit-il. D'autant que les élections “coûtent très cher tant à l'Etat qu'aux citoyens”, note-t-il encore. C'est pour cela, expliquera le membre du gouvernement, qu'on a revendiqué “un parrainage via un nombre minimum de signatures de la part des citoyens dans la circonscription du candidat”. À propos des partis ayant un ancrage populaire, “on ne peut pas leur imposer de ramener des signatures”, note-t-il tout en estimant que “ce sont des gens respectables qui ont un nombre respectable de militants”. S'agissant des nouveaux partis ou des indépendants, il leur faut un nombre minimum de signatures pour prétendre participer aux élections. Aussi, et concernant des partis ayant déjà participé auparavant aux rendez-vous électoraux, le ministre de l'Intérieur leur exigera d'avoir pris part au moins à trois élections législatives et d'avoir engrangé “au moins 4% des suffrages exprimés au minimum dans 25 wilayas avec également un minimum de 2 000 voix pour chaque wilaya”. Le taux de participation aux législatives aurait pu être de 50% Evoquant les élections locales prévues en novembre prochain, Zerhouni, qui a justifié son report par la rentrée sociale et le Ramadhan, a indiqué que “nous avons consulté tous les partis qui ont salué cette initiative”. Evoquant le fort taux d'abstention qui a marqué les dernières législatives, le ministre de l'Intérieur semble lui trouver une explication. “Il y a eu une importante distribution de logements (1 600) où les gens ont changé de lieu de résidence sans pour autant rayer leurs noms de leur ancien lieu de résidence, ces gens-là ont été considérés comme des abstentionnistes”, dira le ministre tout en posant également le problème des “filles qui se marient et qui changent de lieu de résidence sans pour autant rayer leurs noms de lieu de résidence de leurs parents”. Pour le ministre de l'Intérieur, c'est une question d'arithmétique : “Si l'on comptabilisait le nombre de logements distribués correspondant à un certain nombre de votants et parmi lesquels ceux inscrits, on peut considérer que le taux de participation aux législatives pourrait atteindre les 50% au lieu des 35%.” Les qualifiant de “mal inscrits”, le ministre de l'Intérieur a promis le règlement “durant l'été” de cette question inhérente aux votants changeant de domicile sans rayer leur nom des anciennes listes électorales. Plus de prérogatives à l'administration locale et non aux walis Le ministre de l'Intérieur a, par ailleurs, remis en cause la lecture faite par rapport à la révision du code de wilaya qui donnerait plus de prérogatives aux walis. “C'est faux, ils ont fait une lecture erronée du code de wilaya”, dit-il. Son explication est que “nous avons voulu donner de larges prérogatives à l'administration locale pour une meilleure coordination entre les différents secteurs”, note-t-il avant de demander “qui mieux que le wali pour assurer cette coordination ?” Le ministre de l'Intérieur expliquera dans ce cadre l'important investissement de son département dans l'amélioration du fonctionnement de l'administration : “Nous avons recruté en 2002, 1 500 architectes qu'on a distribués sur les communes, en 2004, nous avons recruté 2 500 architectes et prochainement nous recruterons 3 500 universitaires que nous répartirons sur les communes dans l'objectif de faire un suivi de projets ; il y aura prochainement des formations des directeurs du développement local et des chefs de daïra.” Une série de modules inhérents à la communication, à la gestion des crises et des catastrophes ainsi qu'aux statistiques seront également dispensés aux cadres de l'administration, annonce le ministre. Pour illustrer la carence en la matière, il dira que “personne ne peut vous dire quel est le bon chiffre du taux de chômage par exemple, car le module de statistiques n'a jamais été enseigné à nos cadres !” “On ne peut pas changer un wali tous les ans” Le ministre de l'Intérieur a annoncé une prochaine révision de la fiscalité. Cette révision se fera dans le but de “permettre aux collectivités locales de se prendre en charge et pour créer leurs propres richesses”. Rappelant la colère du président de la République par rapport à la propreté des villes, Zerhouni a déploré le fait que les APC n'aient même pas les moyens d'assurer leur propreté. Dans ce cadre, il annoncera la création prochaine d'une école de la propreté à l'image de l'Ecole de propreté de la ville de Paris. Evoquant, en outre, une réunion avant la fin de l'année en cours des walis avec le président de la République, le ministre de l'Intérieur expliquera que ce genre de rencontre périodique est destiné “à évaluer les projets et à mettre en évidence leurs carences pour pouvoir les corriger”. Sur la question d'un mouvement dans le corps des walis, l'intervenant dira qu'“on ne peut pas déplacer souvent les walis, en ne leur laissant pas le temps de gérer leurs wilayas respectives”. “On ne peut pas changer un wali tous les ans”, a-t-il dit pour mieux s'expliquer. Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur a expliqué, en réponse à la question de la prise en charge de l'épineux problème du kidnapping, que “nous ne sommes pas préparés à la prise en charge du crime organisé, du trafic de drogue, des kidnappings”. “Les forces de sécurité, la gendarmerie et la police, ont été formées dans la lutte contre le terrorisme durant la décennie écoulée, et les autres problèmes, tels que le banditisme, ne se sont pas posés à elles, et donc elles n'ont pas de connaissance sur la manière dont il faut les prendre en charge”, dit-il avant d'expliquer qu'“il sera question d'une formation en la matière depuis qu'il y a eu une amélioration de la situation sécuritaire”. NADIA MELLAL