Le ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, semble avoir pris l'option d'étendre l'actionnariat au sein des banques publiques, mais aussi de procéder à quelques changements quant au niveau de l'actionnariat de ces dernières ainsi que de sa nature. Selon une source du milieu bancaire, généralement bien informée, « des discussions officielles au niveau du gouvernement sont assez bien engagées au sujet des options à retenir ». Les banques, d'après notre source, sont appelées à se mettre dans deux ou trois ans en harmonie avec ce qui se fait dans le monde. L'action, qui vise les fonctions du management et de la gouvernance des banques, devra concerner « l'industrie bancaire » et le système des paiements. Hormis le nouvel instrument de jumelage entre les banques algériennes et européennes, dont on a commencé à parler ces dernières années pour une transformation du cadre managérial des banques publiques, le gouvernement semble vouloir pousser un peu plus loin les frontières du partenariat en vue, éventuellement, de permettre l'implication de partenaires étrangers jusque dans le capital des banques algériennes. Notre source souligne la nécessité pour les établissements bancaires algériens de travailler avec des partenaires internationaux, que ce soit au niveau interbancaire qu'au sein de chaque banque. Si jusque-là le programme MEDA, dans ce domaine, a eu pour rôle de fournir une assistance technique aux banques publiques algériennes, à présent le besoin se fait sentir au niveau de l'assistance managériale. Le principe semble être acquis au niveau de l'équipe gouvernementale. Ce qui ne le serait pas encore, c'est le degré d'intervention de ces banques étrangères dans la gestion et le capital des banques algériennes. L'ouverture du capital à hauteur de 49 %, le cas actuellement en vigueur, n'agrée pas en effet les investisseurs étrangers. Le gouvernement va-t-il ainsi faire une concession à ce niveau et permettre aux étrangers une entrée dans le capital des banques publiques à hauteur de plus de 50% ? Créances douteuses Le FMI, pour rappel, a insisté, à l'issue de son long séjour à Alger durant le mois d'octobre dernier, sur l'urgence d'une accélération des réformes structurelles et institutionnelles. Pour cette institution financière internationale, il faut sans attendre procéder à la réforme du secteur bancaire. M. de Vrijer, chef de mission du FMI en Algérie, a noté que les banques publiques traversent « une situation très difficile, car beaucoup de crédits non performants ont été accordés aux entreprises publiques déficitaires ». « Les banques publiques n'ont pas pu, de ce fait, évaluer la demande en crédits et ne savent pas comment accorder des crédits uniquement à des projets d'investissement rentables », a-t-il fait remarquer. Pour y remédier, le FMI préconise ni plus ni moins la privatisation ou la recherche de partenaires pour quelques banques publiques. Il est dans le même temps intéressant de souligner que le gouvernement veut budgétiser le financement des déficits des entreprises publiques économiques (EPE) à partir de 2005. Expliquant aux députés les motifs ayant amené les pouvoirs publics à l'élaboration de ce texte de loi, le ministre des Finances a affirmé que la nouvelle démarche vise la « responsabilisation » à la fois de ces EPE et des citoyens quant au choix de sauvegarder ou non des entreprises déficitaires. Cette mesure, qui attend d'être entérinée par le vote des députés dans le projet de loi de finances, emprunte très largement et de manière concomitante à cette logique des réformes des banques. Le gouvernement semble avoir déjà franchi la première étape, puisqu'en instituant « la budgétisation » des déficits des EPE, il vise à soustraire aux banques le boulet aux pieds que sont les créances non performantes ou douteuses. Accord de l'UGTA Les banques seront ainsi mises dans un état où elles pourront « dialoguer » avec les entreprises publiques sur la même grille qu'avec les privées. « Les banques, selon une source bancaire, auront une nouvelle relation qui sera dictée par la taille du risque et non la nature du risque. » A ce propos justement, les entreprises publiques déficitaires, plus de 200 actuellement, pourraient connaître, du moins la majorité d'entre elles, un sort que semble vouloir leur réserver le gouvernement, la vente ou la dissolution. Mais force est de remarquer que face à un gouvernement qui ne veut plus financer à perte des entreprises dont les déficits sont structurels, il apparaît clairement qu'il s'agit là davantage de dissolution que de vente. Le ministre des Finances avait annoncé que le financement des déficits budgétaires enregistrés par des entreprises publiques déstructurées à travers leur capitalisation (rachat de leurs découverts bancaires) a coûté au Trésor public quelque « 28 milliards de dollars ». Avant lui, Ahmed Ouyahia avait déjà annoncé que sur 1200 entités publiques, 700 évoluent dans une situation équilibrée, 350 sont déstructurées et 200 n'ont pas d'avenir. A cet effet, il a considéré qu'on ne peut pas s'occuper et des secteurs stratégiques et des entreprises qui n'arrivent pas à avoir de marchés, allusion aux opérations de restructuration ou de privatisation qui se heurtent à des résistances ou à des grèves. Et pour mieux passer l'obstacle de la contestation interne et ne pas contrarier les vœux du FMI, la budgétisation de financements des déficits des EPE semble être la solution idoine pour le gouvernement. L'UGTA, pour sa part, considère la nouvelle mesure positive.