Des échauffourées ont failli éclater dans l'après-midi d'hier au quartier Tribou à Bab Ezzouar (Alger). Et pour cause : une famille a reçu l'arrêté d'expulsion du logement qu'elle occupait depuis 25 ans à l'intérieur du foyer pour personnes âgées ou handicapées de Bab Ezzouar. L'arrêté était effectif depuis hier mais le huissier devant l'appliquer a rebroussé chemin. Un rassemblement a été improvisé devant le centre par les riverains venus prêter main forte à la famille. La foule où l'on pouvait apercevoir plusieurs femmes et des enfants a aussitôt occupé la chaussée bloquant la circulation sur ce tronçon donnant sur l'autoroute. Les familles assurent ne pas vouloir s'opposer à la décision de justice. « Y a-t-il une solution d'échange ? On va se retrouver dans la rue sans que personne ne se soucie », déplore cette veuve en charge de la famille et dont la pension est de seulement 7000 DA. Les protestataires n'ont pas hésité à tirer à boulets rouges sur le ministre de la Solidarité nationale, tutelle du centre. Pour eux, Ould Abbas, qui se targue de venir en aide aux plus fragiles de la société, les « jettent en pâture ». Des promesses ont été faites à la famille par ce même ministre. « On m'a promis deux chalets. Les responsables qui sont venus me voir m'ont dit que mes deux enfants mariés n'y ouvrent pas droit. Mais où peuvent-ils aller. J'ai trois autres qui sont asthmatiques. », insiste la mère en assurant qu'elle s'est retrouvée en charge de 16 personnes sans qu'« une aide quelconque » lui soit donnée. Le départ précipité des familles a été annoncé à plusieurs reprises mais sera reporté sine die. Des personnes « indélicates », soutiennent les contestataires, restent dans le centre mais « on s'est attaqué à une femme sans défense ». « Mon voisin s'est accaparé un espace attenant à mon logement et a fait construire un mur tout autour. L'ancien directeur du centre à la retraite est toujours là mais qui osera le déloger ? », assure notre interlocutrice en faisant remarquer qu'elle « peut céder une partie de l'espace qu'elle occupe sans plus ». Aucune des autorités sollicitées par les protestataires n'était sur les lieux. Des agents de la police scientifique ont fait leur apparition lors de ces protestations. Les policiers ont assuré que le procureur a annulé sa décision d'expulsion.