La 2e foire des produits du bois et de la vannerie a élu ses quartiers dans l'école Ibn Rochd, dans la ville de Béjaïa. Une domiciliation qui est bien significative pour les organisateurs (la Chambre de l'artisanat et des métiers de Béjaïa) : art et savoir n'ont pas frontière. Comme pour plonger les nombreux visiteurs rapidement dans le patrimoine artisanal local, une huilerie traditionnelle en chêne massif, grandeur nature, trône à l'entrée. Puis, le regard est attiré par une grande kheïma dressée au milieu de la cour. L'invite à déguster un thé dans l'atmosphère des portes du désert est pressante. Les salles sont emplies de divers produits exposés à la vente ; vannerie, bijoux, bibelots en bois mais aussi de tapisserie, tailleurs et autres vêtements en laine, habits traditionnels. Le tout a un dénominateur commun : le travail à la main et la créativité. L'atelier Ahsisou de Bordj Badji Mokhtar propose différents colliers ornés d'agate des khomissa targuies, des amulettes en argent dont les lignes sont inspirées des animaux mythiques, reproduits des gravures rupestres du Tassili et des gris gris africains, des étoiles du Sud, des trig (selle de chameau), des pics à glace, des sandales en cuir,…. Un atelier de Bordj Ourar Idris (Illizi) expose pipes en cuivre, bagues et bracelets en argent, tiqoubaouine (sabres targuis) … Un atelier de la Haute Kabylie impressionne avec la multiplicité des bijoux de Béni Yenni exposés et la finesse des figures incrustées. Smaïl Mouhoubi, un sculpteur el kseurois traduit sa « large inspiration » sur du bois noble, du réalisme (monde marin et volatiles), à l'abstrait (sculptures en relief et figures développées à partir de souches de bruyère). Pour Smaïl, en fait, tout s'enchaîne, une sculpture suscitant inspiration pour une autre. Dans le même registre, Beldjoudi Abderahim, sculpteur bougiote, expose comme porte-stylos des tonnelets, des huileries miniatures, des petites jarres en bois … L'atelier de couture Oueldja de Touggourt expose des taies, des ponchos, des capes, des gandouras, des djellabas, et des kechabias. Les motifs, explique la couturière, représentent des chemins (chemin de Touggourt, chemin de Djelfa), Timassine (un village à 10 km de Touggourt), des chapelets de fèves,…. L'atelier Mode laine de Tadmaït démontre un mariage sans digression entre couture moderne et tricotage traditionnel. Toute cette atmosphère qui emballe ne peut cacher le désespérant effort de survie dans lequel se débattent les métiers du terroir. Mme Berkani, la patronne de Mode laine, parle de l'indisponibilité de la matière première, de son prix excessif et de la concurrence du « toc » ramené d'Asie. Le marché informel est aussi montré du doigt. M. Beldjoudi souhaite un soutien du prix des matières premières importées et l'attribution d'un local commercial « pour ne pas attendre les quelques jours de foire », pour écouler les produits. Pourquoi pas une galerie spécialisée au niveau de la ville. M. Bettache, le P/APW, rencontré sur les lieux, abonde dans le même sens : des subventions et une lutte contre la spéculation en venant à bout des pénuries de matières premières.