L'élection présidentielle américaine la plus serrée, la plus coûteuse de l'histoire des Etats-Unis (les campagnes de Bush et Kerry ont coûté 4 milliards de dollars) et certainement la plus suivie dans le monde a débuté hier avec une victoire symbolique du Président sortant, George W. Bush, dans un bureau de vote de l'Amérique profonde. Les électeurs de deux minuscules hameaux reculés du New Hampshire, dans le nord-est du pays, ont été les premiers Américains à avoir voté. Cela s'est fait peu après minuit. Il est de tradition que ces hameaux organisent le scrutin avant l'ouverture des bureaux au niveau national. A l'inverse, l'Alaska sera le dernier Etat à clore le scrutin, mercredi à 6 h GMT. Mais aussi symbolique soit-il (le bureau de vote de cette région ne comprend que 31 électeurs), le résultat enregistré au New Hampshire imprime à cette élection, âprement disputée entre George W. Bush et John Kerry, une tendance pouvant amener le candidat des républicains à rempiler. La compétition s'annonce toutefois très serrée, et J. Kerry a aussi ses atouts. Les bureaux de vote ont ouvert à 11 h GMT dans neuf Etats des Etats-Unis pour permettre aux électeurs de choisir leur 44e Président. Les neuf premiers Etats à avoir mis les urnes à la disposition des électeurs sont le Connecticut, l'Indiana, le Kentucky, le Maine, le New Hampshire, le New Jersey, New York, le Vermont et la Virginie. Au total, ils étaient 156 millions d'Américains à être appelés aux urnes pour élire un nouveau locataire à la Maison-Blanche. Il s'agissait pour eux aussi de désigner 34 sénateurs, 435 représentants et 11 gouverneurs. A la veille du début du scrutin présidentiel, les deux principaux candidats à la Maison-Blanche, George W. Bush et John Kerry, étaient encore en campagne. Ils ont attendu jusqu'au dernier moment pour regagner leurs QG à partir desquels ils ont décidé de suivre l'« opération électorale ». Toujours ex aequo dans les sondages, le républicain George W. Bush et le démocrate John Kerry sillonnaient encore lundi plusieurs Etats pour tenter, chacun, de rallier les indécis à leur cause. Un scrutin inédit La grande inconnue de cette élection suivie par l'ensemble de la planète, en raison de ses implications directes sur les relations internationales, concerne le taux de participation. L'Administration américaine, les partis et les organisations de la société civile redoutent, pour une raison ou pour une autre, une désaffection des électeurs. Cela pourrait être le cas notamment des minorités et des déshérités, dont un grand nombre est absent des listes électorales et ne se sent pas impliqué par le débat. Malgré les appréhensions, les observateurs pensent tout de même que les électeurs seront plus importants qu'en 2000, une élection durant laquelle 106 millions de voix ont été exprimées. Il est à rappeler que pour être élu Président, un candidat doit obtenir au moins 270 voix des 538 grands électeurs du collège électoral. Le candidat qui arrive en tête rafle, dans 48 Etats sur 50, la totalité des grands électeurs, qui désigneront ensuite le Président. Chaque Etat et la capitale fédérale Washington disposent au minimum de trois grands électeurs. Les plus peuplés se voient attribuer des sièges de grands électeurs proportionnellement à leur poids démographique dans le pays. Ainsi, comme ce fut le cas en 2000, un candidat ayant moins de voix au niveau national que son adversaire peut être élu Président. L'autre élément singularisant cette élection réside dans le fait que c'est pour la première fois, depuis 32 ans, que les électeurs sont appelés à désigner leur 44e Président dans une Amérique en guerre. Une guerre à l'origine de la bipolarisation extrême caractérisant ce scrutin et qui, pour ainsi dire, coupe le pays en deux depuis le début d'une campagne dominée par la lutte contre le terrorisme et la guerre en Irak. L'impact du conflit irakien, les morts quasi quotidiennes de soldats américains et le souvenir du 11 septembre 2001 sont autant d'éléments rendant encore plus compliqués les pronostics concernant ce scrutin inédit et qui peuvent faire pencher la balance d'un côté comme de l'autre.