De mémoire d'Américains, jamais une élection n'a paru aussi serrée que ce duel Bush-Kerry. Les deux candidats s'intéressent aux plus petites minorités ou mouvements associatifs pour glaner leurs voix. L'Amérique est partagée en deux. Aucun des deux postulants à la maison-Blanche n'a réussi pour l'instant à faire pencher clairement la balance en sa faveur. Les sondages, souvent contradictoires, donnent l'avantage parfois à l'un parfois à l'autre candidat par des écarts fort réduits. Devant cette situation quasi inédite dans l'histoire des élections présidentielles US, George W. Bush et John Kerry se livrent à une bataille sans merci pour arracher les voix de toute association, groupes religieux ou minorités, dont l'apport pourrait faire la différence selon les observateurs de cette campagne électorale. Trois Etats jugés clés dans cette élection, en l'occurrence la Pennsylvanie, l'Ohio et la Floride, sont sillonnés dans tous les sens par Bush et Kerry. Ce dernier, auteur d'un véritable coup de maître en revenant à hauteur de son adversaire alors qu'il était largement distancé il y a quelques mois, utilise tous les moyens pour accentuer sa remontée dans les sondages. Il a même sollicité un coup de pouce de l'ancien président Bill Clinton, dont la popularité est aujourd'hui très élevée auprès des Américains. Convalescent après avoir subi un quadruple pontage coronarien il y a une semaine, Clinton n'a pas hésité à prêter main-forte au candidat de son parti en faisant un discours de dix minutes en sa faveur avant-hier en Pennsylvanie. George Bush quant à lui suit pratiquement pas à pas l'itinéraire de son rival dans l'objectif de réduire à néant l'effet de son passage. L'inverse se produit également, puisque Kerry opte pour une tactique similaire dans les Etats importants, dont l'électorat pourrait faire la différence. À force de vouloir imposer leurs vues aux électeurs, les deux hommes font parfois plus de vingt passages dans le même Etat. L'axe nodal de ce duel demeure la lutte contre le terrorisme, dont Bush a fait son cheval de bataille. Se présentant comme la seule personne capable de sauver l'Amérique de ce fléau, l'actuel patron de la maison-Blanche essuie de vives critiques de la part des démocrates, qui l'accusent d'utiliser ce thème pour faire peur aux Américains afin qu'ils votent pour lui. Côté média, c'est John Kerry qui tient la corde. En effet, aux dernières nouvelles cent onze journaux US, dont les prestigieux et influents New York Times et Washington Post, ont clairement affiché leur soutien au candidat démocrate. Soixante-dix autres titres ont par contre opté pour George Bush. Comme cette présidentielle intéresse toute la planète tant les Etats-Unis ont un rôle prépondérant dans tout ce qui se passe à travers le monde, la majorité souhaite l'élection de John Kerry, à l'exception d'Israël bien sûr qui préfère Bush. Bien malin sera celui qui émettra un pronostic juste dans ce scrutin présidentiel américain plus indécis que jamais. K. A