Le festival du film arabe aura bel et bien lieu à Oran du 28 juillet au 3 août. C'est ce qu'a déclaré hier Hamraoui Habib Chawki, officiellement commissaire de cette manifestation, au siège de l'APC d'Oran devant le maire, quelques élus, divers invités et en présence de la presse locale et nationale. Malgré, indique-t-il, quelques défections (certaines personnalités dont il refusera de divulguer le nom s'étant excusées) dues au dernier attentat terroriste perpétré dernièrement à Lakhdaria, beaucoup d'autres (il y aura 200 invités et une cinquantaine de journalistes étrangers) ont répondu favorablement, à l'exemple de l'acteur égyptien Hocine Fehmi à qui on a confié la charge de présider un jury international comprenant aussi des réalisateurs et des critiques de cinéma. En tout, 20 longs métrages de différents pays (une dizaine) arabes et maghrébins seront à l'affiche du festival dont What a Wonderful World du Marocain Faouzi Bensaidi, L'immeuble Yacoubian de l'Egyptien Marouan Hamed, Morituri de Okacha Touita, et d'autres moins médiatisés donc à découvrir venant du Liban, de Tunisie et même d'Arabie Saoudite. Le festival concerne également le film court et 34 œuvres provenant de 12 pays seront proposées à l'appréciation du public et d'un jury spécifique. Plusieurs prix sanctionneront les travaux réalisés entre 2005, 2006 et 2007, dont l'Ahaggar d'Or pour une valeur de 50 000 dollars (contre 30 000 pour le court métrage) pour récompenser le meilleur film. L'actuel responsable de l'ENTV, tout en avouant que cette première édition a été organisée dans la précipitation, a estimé que l'Etat étant partie prenante (ce festival est déjà institutionnalisé), cela ne devrait pas se faire dans la médiocrité, qu'il en va de la réputation de tout le pays. Côté moyens, il a estimé que le ministère de la Culture a contribué à hauteur de 20 millions de dinars contre un coût global estimé par lui à 100 millions de dinars. « Cela représente seulement 10% du budget du festival du Caire, 15% de celui de Carthage et seulement 5% du budget du festival de Marrakech », a-t-il tenté de justifier, à tort toutefois au moins pour le dernier cas cité qui concerne le cinéma mondial et non pas d'expression arabe. Quoi qu'il en soit, Hamraoui Habib Chawki compte sur les autorités locales et les sponsors pour combler les besoins. Des banques, mais surtout des hôtels, ont déjà donné leur accord. Si cette première édition est présentée comme un test, tous les espoirs sont mis sur les prochaines éditions où on prévoit l'introduction du film documentaire et des activités annexes comme les conférences. Le test l'est aussi pour la qualité de la projection mais surtout de l'état des salles. Le directeur du festival atteste que les salles concernées bénéficieront de travaux d'embellissement et même d'équipements adéquats. Pour l'exemple, la salle répertoire d'Oran de la Cinémathèque algérienne (qui vient juste d'être rénovée) a bénéficié d'une couche de peinture et de la pose d'un meuble dans le hall d'entrée. La plus grande salle d'Oran, le Maghreb (ex-Le Régent), actuellement en rénovation, ne sera peut-être pas prête pour cette année, mais elle est déjà réquisitionnée pour la prochaine édition. Il reste la salle Es-Saâda (le Colisée) également non exploitée cinématographiquement parlant qui va abriter des projections et qui est concernée par des travaux de rafistolage. Toutes les salles seront équipées du système de sonorisation Dolby, mais pour sauver cette saison, un équipement va être loué à l'étranger, promet le même conférencier qui atteste que ce système n'est pas disponible en Algérie. A titre indicatif, la salle El Mougar d'Alger est bien équipée sur le plan sonore, et pour une certaine catégorie de films, la différence est de taille. En marge du festival dont le lieu de la cérémonie d'ouverture n'a pas été arrêté, plusieurs personnalités vont être honorées, y compris à titre posthume, comme pour l'acteur égyptien Ahmed Zaki mais aussi le grand cinéaste africain Sembene Ousmane. Pour les autres, les organisateurs ont retenu le nom de Lakhdar Hamina, palme d'Or à Cannes en 1975 pour son film intitulé Chronique des années de braise. Deux films, Derrière le miroir de l'Algérienne Nadia Labidi et Dans l'appartement du nouveau Caire de l'Egyptien Mohamed Khane seront projetés hors compétition. Le cinéma espagnol sera à l'honneur comme invité du festival qui lui consacrera une rétrospective. Au-delà des considérations idéologiques ou d'intérêts qui peuvent interférer ou qui ont déjà interféré dans certains choix liés à cette manifestation, le festival allant se tenir, l'intérêt réside sans doute dans la possibilité de découvrir, dans cet espace géographique pris en considération, une pratique cinématographique à laquelle le public algérien n'est pas habitué comme le cinéma palestinien, jordanien, irakien ou celui de Bahreïn.