L'été est bien installé dans ses quartiers. Ce n'est pas encore la grande ruée vers le farniente, le bord de mer, les campings… La période estivale, ce n'est pas seulement le sable, le parasol et les orteils écartés en éventail, c'est aussi la période de ces fameuses « maladies de l'été » accompagnées de diarrhées, vomissements, douleurs abdominales et parfois de fièvre. Il n'est point besoin de chercher très loin la cause de ces malaises. C'est souvent la pizza consommée à midi et dont la sauce a déjà fermenté avant sa cuisson ou encore le hamburger et sa viande hachée conservée en boulette sur des présentoirs plus que douteux que proposent ces fast-foods tout aussi douteux et enfin la fameuse chawarma cuite et recuite sur les trottoirs, « embaumée » par les gaz d'échappement des véhicules. Ce ne sont là que quelques exemples de ces intoxications alimentaires dues à la consommation de pâtisseries, de glaces, de viandes ou de boissons avariées. Sinistre cachir Une préoccupation qu'on ne pourrait réduire à un simple travail de sensibilisation des consommateurs qui doit être fait à grands renforts de médias lourds comme la télévision, la radio, le cinéma et pourquoi pas Internet. Hélas, depuis longtemps, les chaînes publiques nationales ont préféré faire de la réclame pour des produits de confort, plutôt que de diffuser des spots sur des sujets aussi sensibles et qui concernent directement la santé des Algériens. Comme on peut le constater, ce n'est pas uniquement une affaire du citoyen. La responsabilité des pouvoirs publics est totalement engagée. Il est d'abord question de contrôle de la qualité, de l'hygiène dans la transformation et la commercialisation de différents produits à base de protéines animales et, en fin de processus, de répression des infractions commises en la matière. On a tous en mémoire l'affaire du sinistre cachir de Sétif qui causa le décès d'une quarantaine de personnes et l'hospitalisation de plusieurs dizaines d'autres, affectées par le botulisme. Répression donc ? C'est indispensable dans de pareils cas. Comment peut-il en être autrement quand il s'agit, par exemple, de veiller au respect, par tous les intervenants, de la chaîne de froid pour ce qui est de denrées périssables et sensibles à la chaleur entre autres ? Une chaîne de froid qui doit être maintenue entre 4 et -4°C ? degrés au dessus de zéro, surtout pour celles contenant précisément des protéines animales, viandes rouge et blanche, œufs, poissons... On ne critiquera pas assez ces bouchers qui débranchent leurs armoires frigorifiques pleines de carcasses durant la nuit pour faire des économies sur les factures d'électricité, sans compter que, souvent, il s'agit à l'origine de viande congelée, soumise aux aléas de comportements de commerçants peu consciencieux. Que dire alors de cette viande hachée et de ces merguez, exposées durant des heures dans des présentoirs non réfrigérés, parce que souvent en panne, au soleil de juillet-août ? Et dire qu'à une certaine période, le ministère de la Santé et de la Population avait songé à interdire la fabrication et la commercialisation de merguez, cachir et autres produits dérivés... Ce qui est valable pour les bouchers est aussi vrai pour les marchands de volaille, les glaciers, les pâtissiers et autres transformateurs de produits sensibles comme les œufs frais. Jusqu'aux poissonniers qui cèdent la sardine à 50 ou 60 DA le kilo, exposée aux grosses chaleurs dépassant souvent les 30 ou 35°C entre midi et 14 h durant l'été. Dans de telles conditions, le rôle des pouvoirs publics est précisément d'empêcher que telles marchandises ou tels produits fortement altérés ne soient cédés aux consommateurs crédules. C'est beaucoup plus grave que la simple tromperie sur la marchandise, c'est criminel. Traçabilité C'est dire que même la loi doit être revue en conséquence pour être adaptée dans ses dispositions répressives afin de dissuader les intervenants peu scrupuleux ou faisant preuve de laxisme dans l'exercice de leur activité. On se rappelle qu'il n'y a pas très longtemps, pour reprendre l'exemple de la sardine vendue dans les marchés, l'administration avait confié au percepteur des droits, dont s'acquittait chaque commerçant, la mission de détruire avant la mi-journée les quantités invendues de poisson en y déversant des produits caustiques. Malheureusement, aujourd'hui, des poissonniers sans scrupules préfèrent conserver ces restes invendus dans de la glace pilée pour les proposer le lendemain à des clients peu regardants sur l'origine du produit. Exiger une « traçabilité » des produits sensibles depuis leur origine jusqu'au consommateur est-ce à ce point une mission impossible ? La répression des contrevenants à la réglementation et l'établissement de normes draconiennes en matière de conditionnement et de conservation devraient théoriquement, quand ils sont accompagnés de moyens de contrôle efficaces sur le terrain par le biais d'une véritable police d'hygiène multidisciplinaire constituée de vétérinaires, de techniciens, etc., laisser espérer chez le consommateur qu'un jour on parvienne à endiguer ce fléau des intoxications alimentaires qui coûtent énormément à la collectivité nationale. L'administration à tous les niveaux — du marché communal aux services concernés chargés du commerce, de la santé de la wilaya, en passant par les bureaux communaux d'hygiène dont la mission est appelée à être davantage affinée — est ainsi fortement pressentie pour jouer son rôle.