Le responsable du programme atomique indien a qualifié hier de « très bon accord » l'entente de coopération dans le nucléaire civil signé vendredi avec les Etats-Unis. « Nous avons un très bon accord qui devrait satisfaire les besoins des deux pays », s'est félicité le président de l'agence indienne de l'énergie atomique, Anil Kakodkar. « On donne et on reçoit et nous n'avons pas de problème avec cela », a-t-il ajouté en référence aux restrictions imposées par les Etats-Unis, empêchant l'usage militaire par l'Inde de la technologie nucléaire fournie par les Américains. New Delhi n'a pas signé le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Les détails de l'accord, qui reste à être approuvé par le Congrès américain, n'ont pas été fournis. Il s'agit d'une « étape historique » dans les relations entre les deux pays, a estimé vendredi le président américain George Bush. Le président américain George W. Bush a dit se réjouir de travailler avec le Congrès pour mettre en œuvre l'accord de coopération nucléaire, estimant qu'il représente une « nouvelle étape » dans l'approfondissement des relations avec l'Inde, pays qu'il a qualifié de « leader mondial essentiel. » Annoncé en juillet 2005 et signé en décembre 2006, cet accord, pierre angulaire du rapprochement entre Washington et New Delhi, peine à être mis en application. Mme Rice et son homologue n'ont pas détaillé l'accord qui, selon des informations parues dans la presse américaine, va au-delà des termes approuvés par le Congrès américain en décembre. Les élus américains avaient menacé de bloquer le texte s'il n'imposait pas à l'Inde des restrictions empêchant l'usage militaire de la technologie nucléaire fournie par les Américains. Washington s'est engagé à aider l'Inde à construire un entrepôt de combustible nucléaire et à trouver d'autres sources d'approvisionnement en combustible nucléaire, un moyen de contourner certaines des clauses de la loi qui avait été adoptée par le Congrès. En décembre, le Congrès avait approuvé une loi permettant aux Américains d'exporter vers l'Inde leur technologie nucléaire civile. Elle permet aux compagnies américaines de vendre du combustible à l'Inde, d'y construire des centrales nucléaires et d'y investir dans le secteur. Mais en échange, l'Inde devait accepter de placer immédiatement une partie de ses réacteurs civils sous contrôle international, mettant fin à son isolement diplomatique après ses essais atomiques de 1974 et 1998. Depuis, Américains et Indiens s'opposent, notamment sur la possibilité qu'aurait New Delhi de continuer à bénéficier de combustible, en cas de nouvel essai atomique. L'Inde refuse de signer le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). L'Inde a fermement assuré que tout le matériel nucléaire ne sera utilisé « uniquement qu'à des fins pacifiques », a dit le numéro 3 du département d'Etat, Nicholas Burns. Le conseiller pour la sécurité nationale indien, M. K. Narayanan a affirmé de son côté que l'accord ne constituait pas pour l'Inde l'occasion d'accroître son arsenal nucléaire. Mais cela n'a pas rassuré les parlementaires américains sceptiques. Selon Edward Markey, vice-président d'un groupe chargé de la non-prolifération à la Chambre des représentants, l'accord risque de « hérisser » le Congrès. Il estime douteux que le Congrès vote le texte en l'état. Le Congrès devrait être appelé à ratifier cet accord d'ici la fin de l'année. Les prochaines étapes de l'entente entre les Etats-Unis et l'Inde concernent la négociation de « garde-fous » avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et avec le groupe international des fournisseurs de combustible nucléaire (NSG).