Un pacte nucléaire civil entre l'Inde et les Etats-Unis a été adopté, samedi, par la Chambre des représentants du Congrès américain, une étape saluée par le président George W. Bush comme « une avancée majeure » dans les relations américano-indiennes. Le texte, qui doit être encore validé par le Sénat, a été adopté à une large majorité par 298 oui contre 117 non, a précisé une porte-parole de la Chambre. Il met en place pour 40 ans une coopération sous forme de transferts de technologie et de fournitures par les Etats-Unis à l'Inde, de matériel nucléaire et non-nucléaire y compris des réacteurs. Le président George W. Bush qui, jeudi, avait rencontré à la Maison-Blanche le Premier ministre indien, Manmohan Singh, pour l'assurer de son soutien sur ce pacte, a immédiatement réagi, enjoignant le Sénat d'adopter à son tour le texte rapidement.La présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, a elle aussi salué l'adoption du pacte nucléaire qui « approfondit les relations stratégiques de nos pays tout en apaisant les inquiétudes sur la non-prolifération nucléaire et en répondant aux besoins énergétiques croissants de l'Inde ». Le pacte, qui met fin à des décennies d'interdiction de collaboration nucléaire avec l'Inde, devrait cimenter une nouvelle relation stratégique entre les deux pays. Ce pacte a rencontré l'opposition de certains critiques soulignant que l'Inde n'était pas signataire du Traité de non-prolifération et que la signature d'un tel accord pouvait indirectement encourager des pays comme l'Iran à poursuivre leur activité nucléaire. Par ailleurs, les entreprises françaises pourraient rafler pour 20 milliards d'euros de contrats d'ici 15 ans dans le nucléaire civil en Inde, annonce le patronat indien, à la veille de la visite du Premier ministre en France. « L'Inde a besoin de 60 000 mégawatts supplémentaires de capacité installée pour l'énergie nucléaire. Cela nécessitera des investissements de 6000 milliards de roupies, soit 97 milliards d'euros d'ici 15 ans », a indiqué Amit Mitra, secrétaire général de la Fédération des chambres indiennes du commerce et de l'industrie (FICCI). « Je m'attends à ce que la France puisse remporter 25% de ces investissements, soit 20 milliards d'euros de contrats possibles au cours des 15 prochaines années », a-t-il évalué, estimant que « la France et le groupe Areva sont les leaders mondiaux dans le nucléaire civil ». Depuis deux semaines, des responsables des deux pays laissent entendre, sans l'affirmer, qu'un accord politique de coopération dans le nucléaire civil sera normalement signé demain au palais présidentiel de l'Elysée par l'Inde et la France. Le 6 septembre à Vienne, le Groupe des 45 pays fournisseurs nucléaires (NSG), qui contrôle les exportations de ces technologies, avait validé ce pacte « 123 » permettant aux Etats-Unis de vendre à l'Inde des réacteurs nucléaires ou du combustible. Le NSG a de facto levé un embargo international vieux de 34 ans sur le commerce nucléaire avec l'Inde, qui n'est pas partie au Traité de non-prolifération (TNP), mais qui est une puissance atomique militaire depuis son premier essai en 1974. Après le feu vert en juillet de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la communauté internationale offre un régime dérogatoire à New Delhi, puisqu'en principe le NSG interdit tout commerce nucléaire avec les Etats non signataires du TNP.