Incapables de finaliser un accord après 13 jours consécutifs d'intenses négociations, les 6 pays participant aux pourparlers de Pékin sur le nucléaire nord-coréen ont décidé une pause de 3 semaines. La Corée du Nord refuse de signer un texte qui ne lui garantisse pas la poursuite de ses activités nucléaires civiles, notamment grâce à des réacteurs à eau légère, une option catégoriquement rejetée par les Etats-Unis. « Nous avons décidé une brève suspension afin que les délégations étudient la question avec leurs gouvernements et que nous résolvions les différences qui subsistent », a déclaré Wu Dawei, le chef de la délégation chinoise, précisant que les consultations se poursuivraient durant cette pause « Les discussions reprendront dans la semaine du 29 août », a-t-il indiqué. Les 6 pays - Corée du Nord, Corée du Sud, Chine, Japon, Etats-Unis et Russie - étaient réunis dans la capitale chinoise depuis le 26 juillet, pour la quatrième fois en 2 ans. Au treizième jour consécutif, les délégations ont donc sauvé de justesse, provisoirement seulement, la plus longue session depuis le début du processus lancé en août 2003 pour que le pays le plus secret au monde renonce à ses ambitions atomiques. L'idée d'une pause avait dans un premier temps été écartée par les Etats-Unis. Hier, le chef de la délégation américaine, Christopher Hill, a une nouvelle fois défendu le projet de texte approuvé par les autres pays. « Je pense que c'est un très bon accord pour la Corée du Nord sur lequel elle doit vraiment réfléchir.C'est un accord qui peut conduire à un avenir meilleur », a déclaré M. Hill, espérant qu'un cinquième round puisse avoir lieu « dès septembre ». Le projet propose notamment à Pyongyang une aide économique et une normalisation avec les Etats-Unis et le Japon, en échange d'un démantèlement de ses installations nucléaires. La Corée du Nord insiste toujours sur le maintien de ses programmes nucléaires civils, alors que Washington exige qu'elle abandonne tous ses programmes nucléaires, militaires et civils. Selon les Américains, qui menacent de porter le dossier devant le Conseil de sécurité de l'ONU si un compromis n'est pas trouvé, la dictature de Kim Jong-Il a remis sur la table la question des réacteurs à eau légère. « Ils ne veulent pas seulement le droit au nucléaire civil, ils veulent le droit d'utiliser des réacteurs à eau légère, c'est hors de question », a insisté M. Hill. De tels réacteurs peuvent être utilisés pour développer un armement nucléaire. Un accord de 1994 entre Washington et Pyongyang prévoyait que les Etats-Unis aident la Corée du Nord à construire deux réacteurs de ce type mais le projet a été gelé en 2003, les Américains accusant l'Etat stalinien de développer un programme nucléaire militaire. Hier, les Nord-Coréens ont exhorté les Etats-Unis à « changer de politique » pendant la suspension des discussions et à accepter qu'elle poursuive ses activités nucléaires civiles. La question du calendrier d'un éventuel démantèlement pose également problème. Jusqu'à présent, la Corée du Nord a toujours refusé de démanteler ses installations en premier comme le veulent les Etats-Unis, et demande que l'aide économique et des garanties de sécurité lui soient accordées en même temps. La crise a éclaté à l'automne 2002 quand les Etats-Unis ont révélé l'existence d'un programme secret d'enrichissement d'uranium en Corée du Nord, que Pyongyang s'est jusqu'à présent refusé à reconnaître tout en affirmant, en février dernier, être en possession de la bombe. La Corée du Nord a quitté le Traité de non-prolifération (TNP) en janvier 2003 après avoir expulsé les deux derniers inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) encore présents sur place.