De nouveau, le gouvernement décide la recapitalisation des banques publiques. Dix milliards de dinars sont dégagés à ce titre dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2007, signée mercredi dernier par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et rendue publique depuis deux jours. Avec cette augmentation de capital, les banques étatiques disposent désormais d'un nouvel apport en argent frais qui leur permettra de répondre aux besoins de financement de l'économie. En effet, de l'aveu de plusieurs chefs d'importantes entreprises, les banques publiques n'ont pas suffisamment de marge pour accompagner les exigences qu'expriment les grands projets, tels ceux relatifs aux travaux publics, à l'hydraulique ou encore à l'énergie. En juin dernier, à titre d'exemple, lors de la présentation du bilan consolidé de son entreprise, le PDG du groupe Sonelgaz avait imputé l'inachèvement du plan d'investissement prévu pour 2006 au manque de sources de financement. Il n'avait pas manqué de signaler à ce sujet que « les ratios prudentiels de l'ensemble des banques publiques rassemblées ne répondaient pas aux besoins financiers exprimés par Sonelgaz ». Pour régler ce problème, c'est le Trésor public qui a été sollicité pour apporter sa garantie. C'est la solution qui a été retenue dès lors que le fonctionnement des banques sur la base des ratios prudentiels limitait l'accès au financement à des montants dérisoires. Ainsi, la recapitalisation des banques publiques aura pour finalité d'augmenter leurs possibilités d'octroi de crédits dans le respect des règles de prudence et en rapport avec l'accumulation de liquidités qu'elles détiennent. Outre le souci de donner aux banques publiques les moyens de bénéficier du regain général d'activités, il est fort probable qu'une partie de la recapitalisation aille à l'assainissement des créances irrécouvrables. Aucune statistique officielle n'est disponible sur la dimension des créances non performantes, mais l'ancien ministre des Finances, Mourad Medelci, avait indiqué en 2006 la proportion alarmante qu'étaient en train de prendre les créances irrécouvrables détenues sur les opérateurs privés. Plusieurs affaires de détournement et des scandales impliquant des privés ont éclaté au sein des banques publiques durant ces trois dernières années. L'hémorragie financière au sein des banques publiques est effarante. Une banque publique a même été considérée en situation de « faillite » au regard strict du code du commerce auquel elle est soumise, et ce, après avoir financé des investissements industriels au-delà des ratios prudentiels imposés par la Banque d'Algérie. Par ailleurs, la répartition de ladite recapitalisation n'est pas encore connue. D'après le délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), Abderrahmane Benkhalfa, rien n'a filtré sur les banques bénéficiaires. « Nous ne savons pas s'il y aura deux, trois banques ou plus », nous a-t-il déclaré. Pour en savoir plus, il faut attendre les décisions de la direction générale du Trésor et celles des assemblées générales des banques. Il est utile de préciser que le secteur bancaire public compte six banques : la Banque extérieure d'Algérie (BEA), la Banque nationale d'Algérie (BNA), la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR), la Banque de développement local (BDL), la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance (Cnep-Banque) et le Crédit populaire d'Algérie (CPA). Cette dernière est en phase avancée d'ouverture de capital. Pour rappel, la recapitalisation contenue dans la LFC 2007 est la septième depuis 1991.