Dans un contexte marqué par la crise économique qui risque de n'épargner aucun pays, et au moment où l'Algérie reste fortement dépendante de ses ressources en hydrocarbures, la priorité est aujourd'hui à la création d'une base industrielle solide.Que ce soit l'industrie lourde ou la PME, les facteurs de productions sont le socle de toute économie. Néanmoins, la problématique du financement des investissements, et plus particulièrement l'investissement industriel, reste posée et avec acuité. Dans ce sens, les pouvoirs publics entendent bien mettre à contribution le secteur bancaire public. Une ambition qui se confirme avec l'allocation, dans le cadre de la loi de finances pour 2009, de pas moins de 50 milliards de dinars à la recapitalisation des banques publiques. Pour rappel, 40 milliards de dinars ont déjà été consacrés à la recapitalisation des banques publiques et ce, dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2008. Cette mesure, rappelons-le, est destinée à augmenter le capital des banques étatiques pour leur permettre de jouer un rôle plus actif dans le financement de l'économie. Aussi, cette nouvelle mesure prise par les pouvoirs publics algériens semble s'inscrire en droite ligne de la récente décision du Conseil de la monnaie et du crédit de quadrupler le capital minimum pour l' agrément d'une banque. Ainsi, le capital minimum des banques et des succursales des banques est porté de 2,5 milliards de dinars à 10 milliards de dinars, alors que le capital minimum des établissements financiers et des succursales d'établissements financiers est porté de 500 millions de dinars à 3,5 milliards de dinars. Dans ce sens, le délégué général de l'Association des banques et des établissements financiers a récemment indiqué que "la détermination d'un seuil minimal de capital pour toutes les banques a été faite pour des raisons de financement, de portefeuille, de nécessité d'une stabilité financière", et d'ajouter que "le capital qui est une garantie de base dans les banques est appelé à évoluer". Le délégué général de l'Abef a expliqué sur ce même chapitre que "cela veut dire que désormais les banques qui ont ce niveau de capital pourront non seulement financer des projets importants mais aussi étendre leur financement, couvrir tous les risques et protéger les déposants".Il est vrai que les banques publiques disposent actuellement d'un excès de liquidités qui s'élèveront selon certains observateurs, à quelque 19 milliards d'euros. Cette situation est aussi due à la faiblesse des capacités d'absorption de l'économie algérienne des sommes disponibles. La situation de surliquidités dans les banques pousse la Banque d'Algérie à procéder à l'assèchement de la masse monétaire pour éviter des poussées inflationnistes et une distribution non performante des crédits à l'économie. L'Algérie doit trouver rapidement des solutions pour permettre au secteur économique d'absorber 50% de l'argent disponible. Cette situation explique, néanmoins, le fait que de nombreuses banques publiques se sont tourné vers le financement d'investissements très lourds, notamment dans la pétrochimie et l'énergie électrique, à l'image de la BEA, de la BNA, de la Cnep et du CPA. Ces dernières financent, d'ailleurs, le projet de réalisation du complexe d'ammoniac et d'urée d'Arzew, lancé en partenariat entre Orascom Construction et Sonatrach à hauteur de 1,1 milliard d'euros. La BEA finance également les nouvelles lignes de production des sociétés des ciments de Aïn El-Kebira (Sétif), de Chlef ECDE et de Beni Saf. La Banque nationale d'Algérie (BNA), pour sa part, a annoncé son intention d'engager des financements à hauteur de 92 milliards de DA (l'équivalent de 1,3 milliard de dollars) dans plusieurs projets d'investissement relevant du secteur de l'énergie, notamment ceux qui concernent la réalisation des stations de dessalement d'eau de mer de Magtaâ (Oran), d'une capacité de production de 500 000 m3/jour, et de Souk Tlata (Tlemcen), d'une capacité de 200 000 m3 par jour. Aussi, et à l'occasion de la signature des contrats de réalisation de deux complexes pétrochimiques à Oran (ouest de l'Algérie), le premier responsable du secteur de l'énergie, M. Chakib Khelil, a appelé les banques publiques à plus d'implication dans le financement des investissements des projets du secteur de l'énergie en Algérie, notamment ceux liés à la pétrochimie. Ces derniers portent sur la réalisation d'unités pétrochimiques spécialisées dans la fabrication du méthanol, du cracking d'éthane et d'oléfine utilisé notamment dans la fabrication des engrais, dont la quasi-totalité sera destinée à l'exportation. Aussi, les pouvoirs publics entendent créer une nouvelle entité financière spécialisée dans le financement de l'investissement. C'est ainsi que la Banque algérienne de développement (BAD) fera désormais office de société publique d'investissement. Ce nouveau fonds public d'investissement sera mis sur pied à la fin du mois en cours. Pour rappel, le secteur bancaire public est composé de six banques : la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance (CNEP), la Banque extérieure d'Algérie (BEA), la Banque nationale d'Algérie (BNA), la Banque de développement local (BDL), le Crédit populaire d'Algérie (CPA), la Banque de l'agriculture et du Développement rural (Badr) et une banque de développement, la Banque algérienne de développement (BAD). Samira G.