Le financement de l'économie par des banques publiques et privées établies en Algérie a atteint, en 2008, un encours de 2400 milliards de dinars, soit plus de 25 milliards d'euros, tous secteurs confondus, a révélé hier Abderahmane Benkhalfa, délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF). S'exprimant sur les ondes de la radio, M. Benkhalfa a estimé que ces banques interviennent dans le financement des entreprises à hauteur de 90% de cet encours, dans le crédit immobilier avec 6%, alors que les crédits à la consommation constituent moins de 4% des financements. Commentant la mesure décidée la semaine dernière par le Conseil de la monnaie et du crédit (CMC) de porter le capital minimum des banques étrangères de 2,5 milliards de dinars à 10 milliards de dinars, M. Benkhalfa considère que celle-ci « est un confortement, non pas une mesure de sauvetage, même si elle intervient en pleine crise ». « Cela répond à une nécessité de stabilité financière et de résistance au choc (…). Cela leur permettra d'étendre leurs financements des grands projets, couvrir tous les risques et protéger les déposants », explique-t-il, non sans signaler que la mesure en question concerne « toutes les banques ». Selon lui, le seuil minimal de recapitalisation de 10 milliards de dinars, qui est « un minimal de stabilité », évoluera encore au fil du temps. Celui-ci était de 500 millions de dinars en 1990, indique-t-il. Interrogé sur l'éventualité de voir des filiales de banques étrangères installées en Algérie se retirer du marché bancaire, notamment en raison des retombées de la crise financière mondiale, M. Benkhalfa a rappelé que la place bancaire d'Alger est « suffisamment protégée » par une batterie de mesures réglementaires et structurelles. « Ces banques ne sont pas touchées au même titre que les sociétés mères », rassure-t-il, tout en soulignant que « les banques internationales sont en train de sauvegarder leurs représentations dans les économies tranquilles et non exposées à la crise. L'Algérie fait partie de ces économies ». Toutefois, il tempère ses propos en affirmant que les décisions de retraits restent l'apanage des sociétés mères. Sur la question de recapitalisation envisagée des banques publiques, le DG de l'ABEF pense qu'il s'agit là « plus d'un financement que d'une protection contre la crise ». « Cette mesure confortera leurs expansions. En 2010-2011, elles deviendront de grands groupes nationaux », fait valoir M. Benkhalfa. Il convient de rappeler que la loi de finances complémentaire 2008 a dégagé environ 40 milliards de dinars pour la recapitalisation des banques publiques. S'agissant des milliards de dinars de liquidités sommeillant dans les tiroirs de ces mêmes banques, à l'image de la CNEP qui disposerait de 800 milliards de dinars, l'hôte de la radio donne l'explication : « Il y a une disproportion entre les capacités d'absorption de l'économie nationale et les épargnes dégagées ». Et de souligner : « C'est une responsabilité des collectivités locales » qui devraient, à ses yeux, « être un jour en mesure d'absorber l'intégralité de ces fonds ».