A quelques jours du deuxième round des négociations sur l'avenir du conflit du Sahara occidental, à Manhasset (New York), le roi du Maroc dévoile ses réelles intentions et met fin à tout espoir de paix dans cette dernière colonie d'Afrique. Le monarque marocain ne conçoit pas en effet que le Sahara occidental puisse être un jour indépendant ou que le peuple sahraoui puisse bénéficier d'un référendum d'autodétermination. A ce propos, il a fait savoir hier que son pays n'acceptera pas une autre solution au conflit que celle de l'autonomie. Cette déclaration faite à l'occasion de la fête du trône risque par ailleurs d'avoir des conséquences néfastes sur l'avenir de la région. « La solution (...) à ce conflit artificiel est le projet d'autonomie consensuel sous la souveraineté du Maroc et rien d'autre que ce projet d'autonomie », a déclaré hier Mohammed VI, lors de son discours à l'occasion du 8e anniversaire de son intronisation. Le roi a ajouté que le « royaume s'engage à respecter tout accord politique mutuellement acceptable qui sera réalisé sur la base de cette initiative, avec toutes les parties réelles et effectives ». A ses yeux, le « Maroc a participé de bonne foi au premier round des négociations sur le Sahara occidental ». Mais était-ce le cas lorsqu'on sait que la délégation marocaine qui a pris part au premier round des négociations était partie avec l'idée d'imposer sa solution d'autonomie en outrepassant la résolution des Nations unies 1754 ? Une résolution pourtant claire qui recommandait aux parties en conflit, le Front Polisario et le Maroc, d'engager des négociations de bonne foi, sans conditions préalables, en tenant compte des développements survenus les mois précédents, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental. Or le Maroc ne veut rien entendre. La sortie du roi Mohammed VI prouve, une nouvelle fois encore, que le Maroc n'entend pas négocier, mais plutôt tenter une énième fois d'imposer ce qu'il appelle son « projet d'autonomie ». Plus, le roi Mohammed VI montre qu'il ne se soucie également pas de la stabilité de la région. D'ailleurs, dès l'entame du premier round des négociations, la délégation du Front Polisario a relevé « un manque de volonté et de sérieux » de la part des membres de la délégation marocaine, ce qui augurait alors la suite des prochains rounds de négociations organisées sous l'égide des Nations unies et prévues les 10 et 11 août prochain à Manhasset. Contacté hier, M'hamed Khedad, membre du Front Polisario et l'un des membres de la délégation sahraouie aux négociations, estimera que « le Maroc ne cherche pas à négocier, il cherche à imposer un diktat ». Pourtant, rappelle-t-il, « la résolution 1754 est claire dans la mesure où elle appelle les deux parties à négocier en vue d'aboutir à une solution mutuellement acceptable qui garantisse l'autodétermination du peuple du Sahara occidental ». Les règles du jeu sont donc fixées par le Conseil de sécurité à travers sa résolution. Par conséquent, selon M. Khedad, qui est également coordinateur du Front Polisario auprès de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso), « il n'appartient pas au Maroc de fixer les résultats des négociations qui n'ont pas encore abouti ». Mais là, le Maroc vient de montrer qu'il ne respectera aucun engagement qui pourrait découler de ces négociations. A ce propos, M. Khedad n'a pas hésité à qualifier le discours du roi d'« intransigeant qui ne participe pas à encourager les efforts des Nations unies pour la poursuite des négociations entre les deux parties impliquées dans le conflit, à savoir le Front Polisario et le Maroc ». Pour lui, « cela démontre le manque de volonté politique du Maroc, son intransigeance et sa volonté de maintenir le statu quo et l'immobilisme ». Le représentant du Front Polisario prend à témoin la communauté internationale et appelle le Maroc à négocier sérieusement au lieu de poser des préalables et des conditions inacceptables que rejettent la communauté internationale et le peuple sahraoui. « Le Maroc doit être conscient que la fuite en avant et le fait accompli ne peuvent être une solution sérieuse, pacifique et juste au conflit, comme le demande la communauté internationale », a-t-il dit. La solution fiable et viable, selon M. Khedad, c'est la solution démocratique et non la solution unilatérale et imposée. Il réitérera, à l'occasion, la disponibilité de la partie sahraouie à aller au deuxième round des négociations avec « la même volonté et détermination ».