En conclave depuis lundi, les délégations sahraouie et marocaine décideront aujourd'hui de l'avenir du Sahara occidental. Y aura-t-il un espoir de paix au Sahara occidental? On le saura dans les prochaines heures. Peut-être même tard dans la nuit. Mais aussi mince soit-il, il existe bel et bien. Tant que les deux parties en conflit décideront de s'asseoir autour de la même table, tant que les contacts ne seront pas rompus, cela demeure du domaine du possible. Les Sahraouis avancent en ce sens avec une volonté farouche de voir leur rêve enfin se concrétiser. L'indépendance. Mais ne brûlons pas les étapes. Pour l'instant, ils entendent faire promouvoir la paix. Instaurer le processus de sa réalisation. Un référendum où le peuple sahraoui sera libre de choisir. L'indépendance ou l'intégration au Maroc. «Nous attendons de ce troisième round de négociations qu'il soit différent des précédents et qu'il s'inscrive en droite ligne de la demande du secrétaire général de l'ONU, appuyée par le Conseil de sécurité, appelant les deux parties à engager des "négociations substantielles"», a déclaré M.Ahmed Boukhari, membre de la délégation sahraouie et représentant du Front Polisario à l'ONU. En effet, le jour même du coup de starter du 3e round des négociations, le secrétaire général de l'ONU avait appelé les deux belligérants, le Maroc et le Front Polisario, à de «substantielles négociations». Il s'est exprimé quelques heures avant que le nouveau cycle de négociations, à huis clos, ne soit lancé. M.Ban Ki-moon, à travers une déclaration rendue publique par son responsable de la communication, a exhorté les deux parties en conflit «à faire plein usage de cette semaine de pourparlers pour commencer à s'orienter vers une phase de discussions plus intensives et substantielles». Le secrétaire général des Nations unies ne se fait, cependant, pas des illusions. Le chemin qui mène vers la paix sera long et difficile. Il espère toutefois. «Cela prendra du temps et de la patience de négocier une solution mutuellement acceptable», conclut le communiqué. Les deux premiers rounds qui ont eu lieu aussi à Manhasset, dans la banlieue de New York, en juin et en août 2007, ont buté sur l'unilatéralisme de la délégation marocaine. Les négociateurs du roi du Maroc cèderont-ils à plus de raison, cette fois-ci? Ahmed Boukhari, au nom du Front Polisario, l'espère et y croit. «Le Maroc va faire preuve de plus de souplesse et de clairvoyance», confie-t-il. Il regrette, cependant, les dernières déclarations de la délégation marocaine, avant son départ pour les Etats-Unis. «La position figée du Maroc bloque, depuis 1991, le référendum d'autodétermination, les différents accords de paix dont ceux de Houston, le plan de règlement, le plan Baker et les différentes résolutions de la communauté internationale, sans aucune justification», a poursuivi le diplomate sahraoui. La rigidité de la position marocaine trouve son explication par le plein appui que lui apportent certaines grandes capitales. Il pointe du doigt Paris et Washington: «Le Maroc continue à adopter une politique de fuite en avant faite d'intransigeance et de tergiversations. Il est malheureusement soutenu par certaines puissances membres du Conseil de sécurité», précise M.Ahmed Boukhari. Ces déclarations tombent à pic et mettent le doigt sur la plaie. Américains et Français, «champions de la paix» dans le monde, entendront-ils la voie de la raison? Celle de la justice internationale. Mohammed VI aura-t-il ce geste qui caractérise tout monarque épris de liberté? Donner la chance au peuple sahraoui de décider de son avenir. Ou alors persistera-t-il dans le fait du prince? Dans ce cas de figure, le Royaume alaouite aura acquis la réputation d'être la dernière puissance colonisatrice du monde.