C'est le 29 août que la justice britannique décidera de l'extradition de Abdelmoumen Khalifa vers la France. Le tribunal de Westminster devra répondre à la demande d'extradition émanant de la justice française qui a décidé de poursuivre l'ex-magnat afin de répondre pour l'accusation d'abus de confiance, de banqueroute par détournement d'actifs et dissimulation de comptabilité ou encore pour blanchiment en bande organisée. A l'issue d'une audience jeudi dernier qui aura duré une heure et demie, le tribunal britannique a décidé de maintenir en détention l'ex-patron de l'empire Khalifa dans l'attente de statuer sur son sort d'ici la fin août. C'est d'ailleurs à la faveur d'un mandat d'arrêt européen délivré par le tribunal français de Nanterre que Abdelmoumen Khalifa a été arrêté le 27 mars dernier en Grande-Bretagne. Le parquet de Nanterre avait ouvert en 2003 une information judiciaire sur des malversations enregistrées en France au niveau des filiales du groupe Khalifa, à savoir Khalifa Airways, Antinea Airlines et Khalifa Rent-a-car. Suite à cette enquête, la justice française avait émis une demande d'extradition intervenant à l'heure où à Alger le procès Khalifa battait son plein. Le 22 mars dernier, la justice algérienne a, pour rappel, condamné par contumace le principal accusé à une réclusion à perpétuité pour association de malfaiteurs, corruption, abus de confiance, faux et escroquerie. L'Algérie n'a pas cessé d'exiger l'extradition de M. Khalifa auprès d'une justice britannique qui reste avare de réponse. Les délibérations du 29 août auront pour mérite d'apporter un nouvel élément d'éclairage à l'affaire en décidant de l'envoi ou pas de l'accusé vers la France. Le cabinet d'avocats chargé de défendre l'ex-golden boy s'est dressé contre la demande française et estime que « Khalifa ne peut être extradé vers la France, car une personne ne peut être extradée que si elle est poursuivie et pas pour être interrogée ». Le représentant de la justice française, Mark Summers, soutient pour sa part que si la France a établi un mandat d'arrêt contre l'ex-golden boy, c'est précisément pour le poursuivre. « Khalifa est soupçonné d'avoir détourné de l'argent, des titres et des actifs appartenant aux compagnies du groupe Khalifa, causant ainsi leur liquidation et le licenciement de plus de cent salariés et laissant une dette de plus de 90 millions d'euros », dira Summers. Les avocats de Khalifa se tiendront par ailleurs en faux quant à une demande algérienne d'extradition en faisant fi des déclarations des officiels algériens. Le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, est pour rappel encore une fois intervenu tout récemment pour confirmer la demande algérienne d'extradition. « Il y a deux demandes d'extradition formulées auprès des autorités britanniques, l'une algérienne et l'autre française. Mais en définitive, la justice britannique reste souveraine. En ce qui nous concerne, nous avons fourni un dossier consistant, comprenant la demande d'extradition et 57 documents la justifiant », a souligné Belaïz lors d'un récent séminaire sur la déontologie des magistrats. Le même responsable a en outre affirmé que l'affaire Khalifa est loin d'être arrivée à son épilogue et que l'enquête se poursuit toujours au tribunal de Chéraga.