Les opérations effectuées sur le terrain par les agents des services de l'urbanisme des différentes APC ainsi que de la wilaya ont mis à nu les « atteintes » portées aux trottoirs par les propriétaires de villas dont les constructions piétinent trop souvent sur la voie publique. Le recoupement des chiffres durant ces derniers mois permet de constater que plus de 10 000 constructions individuelles ont été érigées en contradiction avec la loi sur l'urbanisme, notamment en ce qui concerne les normes à respecter, particulièrement la hauteur de ces constructions par rapport aux trottoirs. Les propriétaires des maisons n'hésitent pas à mettre des marches sur les trottoirs afin de pouvoir accéder à la porte d'entrée qui se trouve surélevée par rapport aux trottoirs, en raison du non-respect des normes lors de la mise en place de la plate-forme du rez-de-chaussée. Il va sans dire que la mise en place de ces marches obstrue le passage des piétons qui sont souvent contraints de contourner lesdites marches et même de quitter le trottoir pour poursuivre leur chemin. « Parmi ces propriétaires, certains cassent carrément une partie du trottoir pour pouvoir accéder à leur garage, sans aucune autorisation », révèle un agent de l'urbanisme d'une APC. Par ailleurs, la superficie des trottoirs endommagés, en raison justement de ce phénomène, a été estimée par des agents de terrain à 200 000 m2. Un calcul établi sur la base de la moyenne globale, constatée au cas par cas. Notons, à ce propos, que cette moyenne est estimée à 10 mètres sur deux. Des chiffres qui donnent à réfléchir, en particulier lorsque l'on sait que les rappels à l'ordre sont très rares même si la législation est très claire en ce qui concerne cette question. La voie publique est censée être intouchable et aucun particulier ne peut effectuer des extensions au détriment de la chaussée réservée aux piétons. Le problème est, en fait, plus profond qu'il n'y paraît, c'est le cas de le dire puisque les extensions anarchiques posent un véritable problème lorsqu'il s'agit d'effectuer des travaux en sous-sol. Les entreprises chargées justement d'effectuer des travaux de réparation ou de raccordement aux canalisations souterraines se trouvent parfois dans l'impossibilité de faire leur travail en raison des extensions sauvages opérées sur les trottoirs. L'origine du phénomène remonte, nous dit-on, à l'époque des délégués exécutifs communaux (DEC), période marquée par une grande anarchie. Cependant, certains propriétaires de villas, ne respectant pas la législation en vigueur, ont érigé leurs demeures ces dernières années, manifestement encouragés par l'absence d'un contrôle rigoureux de la part des autorités. Il est donc permis de penser que ce phénomène risque de s'amplifier davantage. Outre les villas, les commerces sont eux aussi à l'origine de nombreux dommages perpétrés sur la voie publique, beaucoup d'entre eux n'hésitant pas à effectuer des extensions sur les trottoirs obstruant le passage et faisant d'Alger une ville quasi impraticable.