Figure discrète de la scène médiatique et culturelle, Zaïdi Sekia nous quittait il y a 40 jours. Il avait 45 ans. Né en 1962, diplômé de l'université d'Alger et de Bristol (Angleterre), ce passionné de journalisme a toujours témoigné de sa fidélité à une certaine conception humaniste de la culture d'une manière générale. Une conception qu'il a défendue bec et ongles dans le secteur de la presse où il se sentait comme un poisson dans l'eau, même s'il n'y exerçait qu'accessoirement. Doté d'une culture générale dense et variée, il parlait couramment trois langues, Zaïdi était un touche-à-tout. Que ce soit en sport, en culture ou en politique, on ne pouvait que rarement l'épingler tant il maîtrisait ses sujets. Pas de sujet tabou pour lui, puisque sa culture embrassait tous les domaines. Cet intellectuel, qui admirait le penseur américano-palestinien Edward Saïd, ne ménageait aucun effort pour transmettre ses connaissances à ses étudiants qui lui vouaient respect et reconnaissance. Rédacteur en chef d'El Khabar dès son lancement, il était aussi un supporter acharné du MOC, et chaque contre-performance du club des Ponts suspendus le chagrinait. Modeste jusqu'à l'effacement, cet homme au grand cœur passait pratiquement inaperçu dans le quartier de son enfance (l'Appreval) près de Kouba ou au lycée Hamia de la même commune avant que sa famille ne déménage à Baraki au début des années 1980. Mais, tous ses voisins gardent de lui l'image d'un homme pieux, généreux, sociable et d'une grande rectitude. Attentif aux mutations qui bouleversent les usages universitaires comme les pratiques éditoriales ou journalistiques, Zaïdi a toujours défendu, avec tact, une politique de diversité basée sur le savoir et les connaissances. Ses amours avec la presse n'étaient pas fortuites. Connaissant le rôle de passerelle entre celle-ci et la société, il voulait sans doute être le plus proche possible des gens, de préférence les petites gens qu'il défendait de tout son corps, de tout con cœur … Zaïdi n'avait pratiquement que des amis, cette figure universitaire et de la presse a reçu des messages de toute part et même appuyés de secteurs divers. Il est vrai que cet homme de culture manifestait un volontarisme courtois, propre à faire dialoguer hommes et idées. Il aimait rappeler que la liberté de la presse était l'un des piliers de la société, et qu'il se faisait un devoir de rendre hommage à ceux qui informent avec rigueur et indépendance. « La presse algérienne et l'université ont perdu un grand homme. Une grande plume et un humaniste d'une simplicité incomparable », avaient témoigné les hommes qui l'ont côtoyé soit à l'institut des sciences politiques où il était maître de conférences, ou dans le milieu de la presse où il était apprécié. A El Youm, El Fadjr, Djazaïr News, El Hadath, Echibek où il a exercé, il n'a laissé que de bons souvenirs. Doué d'une intelligence hors pair, le défunt avait obtenu un magistère à l'université d'Alger avant de bénéficier d'une bourse qui le mènera en Angleterre, à Bristol précisément où il décrochera son diplôme avec brio, en développant, avec le talent qui est le sien, la thèse portant sur « Le facteur religieux dans les relations internationales ». Quinze jours après sa disparition, un nouveau-né est venu rendre un peu de gaieté à sa famille éplorée et que Sekia aurait tant aimé serrer dans ses bras. Quarante jours se sont écoulés depuis son départ brusque, mais son image restera à jamais gravée dans nos mémoires. Une pensée est demandée. Repose en paix, Sekia…