La ville du Vieux-Rocher s'ennuie-t-elle en ce Ramadhan ? La majorité des personnes interrogées répond à l'unanimité qu'elle trouve les activités divertissantes quasi-inexistantes, ou qu'elle n'est carrément pas au courant pour manque d'informations. Un consensus se dégage de cette question et les « nuits agitées » de Cirta sont en passe de ne devenir qu'un simple mythe. Il semble, encore une fois, que les manifestations « culturelles » en ce mois de Ramadhan n'ont pas été à la hauteur des espérances de milliers de jeûneurs, puisque si ce Ramadhan n'est pas meilleur que les Ramadhan d'avant, il risque d'être parmi les plus mauvais. Il y a, en effet, comme un « vide culturel » injustifiable, et mis à part le festival de aïssaoua et les deux nuits de concerts de Nasser Sheema, rien n'est fait ou presque pour faire décamper les ménagères de leur chaumière. Il est vrai que la catégorie la plus touchée par cette indélicatesse est encore une fois celle des femmes, qui, confinées dans leur majorité dans des tâches ménagères durant la journée, essentiellement la préparation du f'tour, ne verraient pas d'un mauvais œil que l'on pense à les divertir un peu durant les soirées, mais force est de constater que sur ce registre elles ont été assez déçues. Une femme d'un certain âge nous déclarera à cette occasion avec un ton d'amertume : « Franchement, j'ai connu de meilleurs Ramadhan. En ces temps-là, on avait même l'embarras du choix, entre théâtre et soirées musicales variées pour tous les goûts, des défilés de mode... on oubliait un peu les efforts fournis durant la journée. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, car s'il y a des activités, vous n'êtes même pas sûr d'en être informé à temps. » Il est vrai que la communication n'a jamais été le fort des autorités locales, et certaines manifestations organisées à Constantine ont connu un flop rien qu'à cause de la mauvaise gestion de l'information au niveau de la ville. Une autre catégorie est en souffrance aussi en ce mois. Les jeunes, puisque c'est d'eux qu'il s'agit, errent le plus souvent sans d'autres activités que les interminables jeux de cartes et de dominos dans les « mahchachate », ces petits cafés ou parfois restos qui se convertissent à l'occasion en minicasino pour d'infatigables joueurs et parieurs, une façon comme une autre pour les propriétaires de rentabiliser leur mois. La maigre activité cinématographique n'offre pas un meilleur divertissement et les films plutôt récents projetés par un opérateur privé au niveau de la maison de la culture Malek Haddad n'ont pas trouvé grâce aux yeux des jeunes qui préfèrent aller voir du côté d'une autre cinémathèque non loin de là, qui projette des films d'un style plus... attirant ! Le voyeurisme étant ce qu'il est ici ou ailleurs, certains ont en fait un fonds de commerce et ça marche ! Enfin, pour « égayer » un peu leurs soirées ramadhanesques, les Constantinois et surtout les Constantinoises ont déjà trouvé un alibi pour sortir en ville. Nombreux sont ceux et celles qui ont commencé à faire la tournée des magasins pour les emplettes de l'Aïd, une façon comme une autre pour s'occuper.