C'est un bien triste constat que l'on se doit de faire, le Festival de Djemila dans sa troisième édition est en train de « prendre l'eau de toutes parts ». Amère réalité, le public est totalement absent à cette manifestation et un festival sans public ! L a septième soirée animée par le jeune chanteur vedette libanais Rami Ayache n'a pas drainé grand monde. La place, au pied de l'arc de Caracalla, était presque vide. Seuls quelques spectateurs « éparpillés » occupaient les lieux. Les services de sécurité, gendarmes et vigiles privés étaient les plus nombreux. Même à l'extérieur, les habitants de Djemila ne semblent pas intéressés par cette soirée. Malgré cela, les fans du chanteur lui ont réservé un véritable triomphe. La prestation de l'artiste, chanteur de charme, était parfaite. La soirée n'a débuté qu'à 23h. Le public qui a parcouru des kilomètres a poireauté deux heures durant et n'a eu droit à aucun autre divertissement, sauf à un ballet des organisateurs et de vigiles plus nombreux que les spectateurs. Faute d'une campagne publicitaire à la hauteur de l'événement pourtant parrainé par le président de la République, la manifestation se déroule sans même la présence des gens de la cité ne pouvant se permettre en ces temps difficiles économiquement un ticket à 500 DA. Notons que les premières places et la collation sont réservées aux potes, aux familles et amis des organisateurs. Soulignons l'absence remarquée des principaux organisateurs (la commissaire et le N°1 de l'ONCI). Ces forfaits portent un autre coup de massue à une manifestation pour laquelle les pouvoirs publics ont mis le paquet. La présence de certains chantres de la chanson arabe en est la parfaite illustration. Au vu du déroulement des événements une question nous taraude : veut-on casser Djemila qui prend de l'essor après uniquement deux éditions ? Passant, durant une heure et demie et à travers ses tubes connus et inédits. Rami Ayache a fait danser ses admirateurs qui hurlaient de joie. Beaucoup sont venus de très loin et ignoraient totalement la tenue de ce festival. Yasmina, une enseignante et artiste tunisienne de passage à Sétif, n'arrive pas à exprimer son bonheur si ce n'est par la danse. « Je suis en vacances à Sétif et j'ai entendu par hasard parler de ce Festival de Djemila, aucun signe indicateur de sa tenue n'est visible », dit-elle. « L'Algérie a plus de capacités que la Tunisie, plus de sites qui se prêtent à ce genre de manifestations qui peuvent servir de lien entre les peuples arabes, mais c'est apparemment très mal exploité. Le raï est très apprécié en Tunisie, comme partout ailleurs », ajoute-t-elle. Deux jeunes Syriens rencontrés sur les lieux s'interrogent aussi sur le manque d'organisation de ce festival de portée internationale : « L'espace destiné à ce festival est magnifique, seulement rien n'a filtré sur son déroulement. Le prix du billet fixé à 500 dinars est excessif. Chez nous en Syrie, l'entrée est gratuite à n'importe quel festival et on vous assure aussi le transport. Ici, on est agressé carrément par les agents de sécurité, on a même failli ne pas entrer. Mais nous éprouvons quand même une joie immense d'assister à cette fête. » Beaucoup de jeunes filles suivent le tour de chant debout, elles dansent et lancent des appels de détresse au chanteur. Elles semblent bien se défouler. « Il est beau comme un dieu et il chante de manière sublime, je l'adore », s'extasie une jeune adolescente qui restera debout durant tout le spectacle. Il chante et enchante ces femmes qui ne semblent pas très frustrées, au contraire. Un monsieur âgé marmonne : « Les choses ont bien changé, regardez ces filles qui dansent sans aucune retenue. C'est étonnant ! » Les femmes algériennes sont de très bonnes danseuses et elles le prouvent. D'ailleurs, les équipes de télévision ne choisissent que les belles danseuses pour les interviewer. Les vigiles, eux, pour montrer leur humanité se battent pour une photo avec chacun des artistes de passage.