Après avoir observé un sit-in devant le siège de la wilaya ces derniers jours, Les chefs des familles, acquéreurs des lots de terrain de la Caroube à Annaba, ont une nouvelle fois exprimé leur colère le week-end dernier. Tous bénéficiaires d'un terrain à bâtir auprès de l'agence foncière de Annaba en 1976, les 170 acquéreurs n'ont pas pu, depuis, en prendre possession pour entamer la construction de leurs habitations. S'il n'est pas squatté par des indus occupants, qui y ont érigé des baraques, leur terrain est interdit d'accès. Encouragés par la passivité des autorités locales, maintes fois alertées, les squatteurs imposent leur loi. Plusieurs propriétaires légitimes de terrains, dont un médecin et un avocat, ont été sauvagement agressés sur leurs propriétés par les squatteurs. Bien que reconnus comme étant des indus occupants, ces derniers sont même arrivés à se constituer en association de quartier agréée par les services de la wilaya. Ils imposent leur volonté, y compris aux représentants de l'ordre, et s'opposent à toute tentative de réalisation de projet d'équipement public, dont la viabilisation et la mise en place de réseaux d'alimentation et de distribution de l'eau, du gaz et de l'électricité, ou construction de routes. « J'ai acquis mon terrain au début des années 1990. Comme ma femme et mes enfants, j'ai cru que j'allais enfin construire la maison de mes rêves. Toutes mes économies, de plusieurs années de labeur, ont été engagées dans l'acquisition du terrain et des matériaux de construction. Sous peine d'être agressé par les indus occupants, je ne peux accéder à mon terrain. Ils m'ont déjà agressé physiquement. Quinze années après, j'en suis à rembourser un crédit de construction Cnep pour une maison que je n'ai toujours pas », explique N. Saïd, un des bénéficiaires du terrain. Plusieurs solutions, à même de satisfaire toutes les parties, ont été avancées, comme celle qui a permis à la majorité des indus occupants de bénéficier d'une décision d'attribution du terrain qu'ils occupent illégalement, et à d'autres d'acquérir d'un logement socio participatif. Les premiers comme les seconds ont refusé toute idée de verser une quelconque somme d'argent en contrepartie de l'une ou de l'autre acquisition, d'où le sit-in des 170 acquéreurs. « Si l'Etat persiste dans son refus de rendre la justice et préfère soutenir l'illégal, nous devrons comprendre que force n'est plus à la loi. Il nous appartient donc, pour défendre notre droit, d'utiliser tous les moyens. L'un d'eux sera d'alerter l'opinion publique et les plus hautes instances du pays. Parallèlement, nous allons déposer plainte contre l'agence foncière qui nous a vendu des terrains occupés par d'autres. Nous demanderons des dommages et intérêts du préjudice moral et financier dont nous avons été victimes », a ajouté le même interlocuteur.