Devant l'ampleur du phénomène du suicide et des graves répercussions sur la vie des jeunes de la région, l'association culturelle Cheikh Belhadad de Seddouk a pris l'initiative d'organiser une caravane à travers tous les chefs-lieux des communes et daïras de la wilaya de Béjaïa. Elle a débuté le 4 août pour s'arrêter le 31 décembre 2007. C'est ainsi que le coup d'envoi de cette manifestation a été donné par une tournée à travers la majorité des villages de la commune de Seddouk au moyen d'un bus mis à la disposition de l'association par l'APC. En marge de cette caravane, une exposition sur le sujet se tient au niveau du centre culturel, suivie d'une projection d'un documentaire et d'une pièce théâtrale toujours sur le même sujet. Le 6 août, une conférence-débat a été animée en présence de l'imam de Seddouk. Dans leurs interventions, les conférenciers ont insisté sur le rôle de la famille et de la communication. « Le suicide ne se produit pas sans avertissement. Généralement, les personnes suicidaires donnent des indices et des messages qui annoncent leurs intentions pour alerter leur entourage. Ce sont des appels à l'aide. Faut-il pour cela les déceler à temps. Tous les suicidants ne sont pas des malades mentaux » , dira en substance Saïd Maraoui, cadre de la santé à la retraite. Mme Rachida Abdelaziz, psychologue, s'étalera, quant à elle, sur les diverses formes de suicide. Absorption de produits toxiques, strangulation, pendaison, ou bien utilisation d'armes ou d'objets tranchants. Elle insistera aussi sur l'écoute, la compréhension de l'entourage immédiat du suicidant. Considéré, il y a quelque temps dans notre société comme étant une fatalité, une folie, le suicide tend, de nos jours, à être banalisé, à devenir même « une solution » souvent prise devant certains problèmes majeurs rencontrés par les hommes et surtout par les femmes. Le suicide ne fait pas de discrimination. Peu importe le statut social ou l'âge. C'est pour cela qu'il faudra entendre, comprendre et agir, peut-on lire sur les slogans affichés pendant l'exposition. « Ce qui nous a motivés à initier cette action, c'est l'ampleur de ce fléau dans notre région. Pas moins de 5 suicides depuis janvier 2007 pour la seule daïra de Seddouk. C'est trop ! Malgré nos faibles moyens, nous essayerons d'aller jusqu'au bout de notre projet car nous sommes très émus par ce drame qui touche toute la population. J'interpelle les autorités afin qu'elles se penchent sérieusement sur ce sujet qui n'est pas tabou tout comme le sida d'ailleurs. Il y a urgence », nous a déclaré Mourad Sebaou, président de l'association organisatrice de cette manifestation.