Si juillet et août font référence au farniente et aux loisirs, ce n'est pas le cas pour beaucoup de femmes. Toutes n'ont pas l'occasion de partir en vacances, et encore moins celles qui sont actives et ont un foyer à gérer. L'idée reçue que la femme active est libre de son argent et de ses mouvements est un trompe-l'œil. En effet, l'Algérie de 1960 n'est plus celle de 2000. A l'exception, peut-être, des femmes à la recherche d'une carrière professionnelle bien établie (avocate, chirurgien, médecin...) pour s'affirmer, la femme (épouse, sœur, mère) ne travaille pas pour se prendre en charge seulement, elle est devenue l'aide nécessaire dans le foyer avec les crédits du logement ou de la voiture à rembourser, voire la location à payer. Et pour celles qui ont des enfants en bas âge, les vacances d'été sont plutôt un calvaire. Pour trouver une nourrice en ces mois de farniente, la tâche s'annonce rude. La plupart des crèches ferment tout le mois d'août. « J'ai un enfant qui fréquente une garderie toute l'année. Août est un enfer pour moi vu que je ne peux pas prendre mon congé pour des raisons professionnelles. Et cela devient la course contre la montre. Il faut trouver une nourrice, négocier le prix et les heures de garde en quelques jours », expliquera une jeune mère. « En plus, beaucoup d'entre elles partent en vacances. Alors, je ne vous dis pas ce que cela représente comme perte d'argent et de temps. La perle rare est pratiquement introuvable. Si la dame accepte vos conditions, elle vous exigera presque le double de ce que vous payez pour une crèche, soit 7000 DA/mois », ajoutera-t-elle. Pourquoi ne pas pallier cette défection par un membre de la famille ? « Ma mère a des problèmes de santé et ma belle-mère vit au bled. Alors, le lui laisser tout un mois serait un autre calvaire à supporter. J'ai besoin d'être rassurée, de voir mon enfant. En plus, à 2 ans, un enfant bouge énormément, ma belle-mère ne pourra jamais assumer vu son âge. Quant à mes belles-sœurs, elles ne viennent chez moi que pour profiter de la capitale et de la mer. Pas question pour elles de faire du baby-sitting. » Le mode de vie des Algériens est en constante évolution. Les infrastructures n'ont pas suivi. Depuis quelques années, l'éclatement des familles est perceptible, ce sont des familles nucléaires constituées des parents et d'enfants seulement — généralement trois. Et l'Etat n'a pas réfléchi à de telles conséquences. D'ailleurs, aucune structure d'accueil pour enfants n'est apte à recevoir les gamins de 8-12 ans. Pourquoi les pouvoirs publics n'ont pas investi dans ce créneau, sachant pertinemment que ces structures engendreraient la création d'emplois ? Les communes de la capitale gagneraient en résorbant le taux de chômage — des centaines de diplômés sont en attente d'un emploi — et en contribuant par une prise en charge de ces structures d'accueil, à l'image de Presco. Durant le cursus scolaire, les élèves vont chez des nourrices qu'ils ne veulent plus fréquenter durant les vacances. « Mon fils de 12 ans a refusé catégoriquement cette hypothèse. Il m'a demandé de rester à la maison jusqu'à mon retour. J'ai fini par céder, même si je m'inquiète à cause des rôdeurs », expliquera une femme d'un certain âge. Néanmoins, le problème d'infrastructure se pose même durant le cursus scolaire puisque la demi-pension a été bannie. A Bordj El Kiffan, une école, qui avait maintenu cette formule, faisait sortir les élèves juste après le déjeuner. Pourtant, il est clair que ces potaches sont sous la responsabilité de la structure jusqu'à 17h. Où sont passées les études (cours du soir) qui aidaient les élèves à faire leurs devoirs en présence de maîtres d'école, ce qui par conséquent soulageait les parents actifs ou ceux analphabètes ne pouvant pas aider leurs chérubins ?