La disparition de Yasser Arafat et l'élection de George Bush pour un deuxième mandat à la tête des Etats-Unis ont pratiquement, éludé l'ordre du jour du sommet de l'Union européenne de jeudi et vendredi pour laisser place aux relations transatlantiques et l'attitude de l'UE face à ces nouvelles donnes. Aurait-il pu être autrement lorsque les 25 chefs d'Etat et de gouvernement avaient, en plus, constaté l'échec du processus de Lisbonne lancé en mars 2000 et qui voulait faire de l'économie de l'Union la plus performante du monde ? « Les quatre années n'ont pas permis de réaliser les objectifs de Lisbonne », a déclaré l'ex-Premier ministre hollandais Wim Kok, invité à la rencontre. « L'affirmation d'une politique américaine forte conduit, tout naturellement, à la nécessité de renforcer l'Europe », a déduit le président français Jacques Chirac lors d'une conférence de presse vendredi matin. « Yasser Arafat est décédé », a lancé, à son arrivée à Bruxelles, le Premier ministre luxembourgeois, pour se rétracter un peu plus tard. C'est dans cette atmosphère tendue, faite de déclarations et de contre-déclarations au sujet du décès du raïs palestinien et de l'attitude de George Bush sur la question palestinienne que « traînait » le sommet européen. Les centaines de journalistes ont veillé tard dans la soirée de jeudi partagés sur les priorités de l'information à donner sur l'Europe et les urgences des nouvelles en provenance de Paris où Arafat se trouve et les réactions, des territoires occupés et d'Israël. Signe de la nervosité et du cafouillage qui ont prévalu sur l'ordre du jour du sommet, la composition de la nouvelle Commission européenne qui sera conduite par Manuel Barroso n'a pas du tout retenu l'attention des conférenciers comme celle des journalistes. « Le départ du très controversé candidat commissaire, l'Italien Rocco Buttiglione, et son remplacement par Franco Fratini, l'actuel ministre des AE de l'Italie dispose déjà de la pleine confiance du Parlement européen », ont déclaré plusieurs hauts responsables européens et chefs de groupes parlementaires. Et, inlassablement, les interrogations sur les conséquences politiques de la mort de Arafat, aussi bien au Moyen-Orient qu'en Europe ou aux USA, revenaient à l'ordre du jour. C'est que l'UE, premier pourvoyeur de fonds de la Palestine, fait face aux Américains, premiers « décideurs » politiques dans la région. La confirmation de George Bush pour un deuxième mandat présidentiel n'est pas pour arranger ni la cohésion de l'UE dans sa politique étrangère déjà bancale ni la paix en Palestine ou en Irak. Comme pour ajouter à la confusion et aux hésitations des Européens, Iyad Alaoui, le Premier ministre désigné de l'Irak, invité au sommet et oublié dans les débats.