Hocine Aït Ahmed, président du FFS, en bref séjour en Algérie après une absence de cinq ans, a pris part jeudi dernier aux travaux de la session extraordinaire du conseil national de son parti. « Je suis venu saluer les membres du conseil national et les militants du parti en tant que militant, et je n'interviens pas dans les problèmes », lâche-t-il à l'adresse des journalistes, à son arrivée au siège national du parti, à Alger. Agé de 78 ans, Aït Ahmed a l'air en bonne forme. Il considère également que le FFS est en « bonne santé ». « Vous voulez parler de crise. Il n'y a pas de crise fondamentale. Il n'y a pas un parti dans le monde qui n'a pas de problèmes », précise-t-il. « Nous avons deux institutions qui sont élues directement par les militants : la présidence du parti et le conseil national qui sont deux autorités autonomes, mais qui travaillent en collaboration avec les autres institutions du parti. Je ne doute pas de la compétence du conseil national », ajoute-t-il. Pour étayer ses propos, Aït Ahmed dira que « l'existence même d'un parti pose l'idée du pouvoir, ce qui est normal et très humain. Seulement, cette idée de pouvoir risque de faire éclater les partis parce qu'il n'y a pas un débat démocratique. Au FFS, il y a ce débat démocratique où on exprime les divergences ». Aït Ahmed s'étonne ainsi devant « la notion d'autorité qui est devenue monstrueuse ». Pourquoi ? « Primo : parce que nous sommes des Méditerranéens. Secundo : nous avons affaire à des montagnards ! », explique-t-il. A ce propos, le numéro un du FFS est catégorique : « Le parti est là pour servir l'autorité. S'il ne la sert pas, il faut qu'il parte. » A propos d'un éventuel rapprochement entre lui et le Pouvoir en place, Aït Ahmed répond avec ironie : « Vous savez, un mensonge a fait la révolution en Espagne dans le bon sens. Un cadre du Pouvoir qui a menti et qui a envoyé les forces espagnoles en Irak a été chassé », dira-t-il, laissant entendre qu'il s'agit d'allégations de journalistes. Et de renchérir : « Je n'ai jamais rencontré Bouteflika ni un autre émissaire du Pouvoir. Cela dit, je reste ouvert à toute rencontre publique et officielle avec le Président à condition que l'ordre du jour soit déterminé bien avant, tout en respectant les formes protocolaires. » Revenant sur la perspective de l'élargissement de son parti à d'autres forces démocratiques, Aït Ahmed exclut toute « initiative » prise avec d'autres « partenaires politiques », dont la presse a fait l'écho ces derniers jours. Selon lui, il faudra d'abord « remettre à niveau le processus démocratique au sein des structures des partis, puis dans la société ». Pour cela, la société « ne doit pas baisser les bras et doit poursuivre sa lutte avec tous les moyens pacifiques, car on nous prépare une autre décennie noire ». Abordant l'actualité politique nationale, le président du FFS trouve que le pays est en phase de « retour à la terreur ». Selon lui, « la vie politique est plombée » et la réconciliation nationale ne peut pas se faire « en maintenant l'état d'urgence, en emprisonnant des journalistes et en fermant tous les espaces d'expression ». Cela dit, il trouve qu'il est temps que « l'Etat se réconcilie avec le peuple ».