Un acte politique honorifique ! Le qualificatif est incontestablement à sa place pour évoquer la décision prise hier par le premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou, de remettre son mandat au président du parti, Hocine Aït Ahmed. « Sur un plan personnel, dans le respect des conceptions que je me fais de l'éthique et de la pratique politique, je remets mon mandat au président du parti. Par cette décision, je souhaite faire acte de responsabilité, de transparence, de pédagogie politique et de respect envers les militantes et les militants ainsi que les électeurs et les électrices », déclare-t-il lors d'un bref point de presse animé au siège national du parti, à Alger, 24 heures après l'annonce officielle des résultats des élections locales perdues par le FFS. Sans trop commenter ces résultats, Karim Tabbou annonce la convocation pour jeudi prochain d'une réunion extraordinaire du conseil national pour faire une évaluation générale du parti. Cela en attendant la réaction de Hocine Aït Ahmed qui devra trancher conformément aux statuts du parti cette question lors de ladite réunion. Acceptera-t-il le départ de Karim Tabbou ou le maintiendra-t-il à la tête du secrétariat national du FFS ? En tout cas, cette décision est une première dans les annales politiques nationales. C'est pour la première fois qu'un responsable d'un parti « assume une part de responsabilité de l'échec » et se remet au jugement des militants. « Je ne suis pas un politicard, je suis un homme politique. Il y a un devoir important au FFS, c'est celui de rendre des comptes et de pédagogie politique. Donc je me suis imposé cette discipline et cette éthique politique », soutient-il en affirmant qu'il n'avait fait objet d'aucune pression dans la prise de cette décision. « Je l'ai fait avec beaucoup de conviction et je n'étais victime ni d'une pression quelconque ni d'un comportement incorrect à mon égard ni de la part des militants ni de la part des citoyens. Bien au contraire, j'ai eu à vivre des moments de forte émotion durant cette campagne », explique-t-il. L'orateur explique qu'à travers cette action il veut tout simplement introduire une nouvelle façon de faire de la politique, de nouvelles mœurs et de nouveaux comportements politiques. « Quand on est responsable, on mène une entreprise, on l'évalue, on la gère et on réalise des objectifs. Sur la base de tous ces éléments-là, il est bon de s'arrêter un petit moment, de prendre la décision qui est la plus compatible avec ses convictions », ajoute-t-il. Karim Tabbou estime que son parti n'a pas perdu ces élections « mais le mensonge et la corruption ont gagné ce scrutin ». « C'est la victoire de la mafia contre le peuple algérien. Le FFS n'est pas bien classé dans l'Algérie officielle, mais il caracole à la tête de l'Algérie réelle », tranche-t-il en affirmant qu'il n'y a pas de crise au FFS. Pour lui, il n'y a en Algérie « ni un Etat constitutionnel ni un Etat démocratique ». « L'autorité de l'Etat s'est construite contre le droit, contre la liberté et contre les partis politiques. La négation du politique constitue l'essence du régime », juge-t-il, soulignant qu'un suffrage universel en tant qu'expression démocratique est impossible sous un état d'urgence instauré depuis 15 ans. Interrogé en marge de la conférence, Rachid Halet, ancien premier secrétaire du FFS au début des années 1990, estime que la décision de Karim Tabbou est juste et qu'il est nécessaire de marquer le pas afin de faire une évaluation du parti. Jeune de 33 ans, Karim Tabbou a assumé auparavant le poste de chargé de la communication du FFS, avant d'être désigné, le 6 avril dernier, à la tête du secrétariat par le président Hocine Aït Ahmed en remplacement de Ali Laskri.