Par le protocole d'accord élaboré en commun hier par la direction générale de la filiale Arcelor Mittal Annaba et le syndicat, il est mis fin aux divergences de points de vue entre les deux parties. Sous l'impulsion de Aïssa Menadi, sénateur et syndicaliste, aux côtés de Smaïn Kouadria, secrétaire général par intérim du syndicat d'entreprise, les travailleurs d'Arcelor Mittal Algérie ont eu gain de cause. Leur plateforme de revendications en 12 points, émise le 1er mai et suivie par le dépôt d'un préavis de grève le 14 août, a été acceptée par leur employeur. Un protocole d'accord est prévu pour être signé aujourd'hui par les deux parties, en présence d'une importante délégation de l'UGTA conduite par son secrétaire général, Abdelmadjid Sidi Saïd. Ce faisant, l'employeur, qui a dépêché pour la signature du document Franck Pannier, vice-président du groupe, aurait apprécié à leur juste mesure les risques que représente le maintien de sa décision de supprimer 1200 postes de travail. Cette décision signée fin juillet 2007 par M. Choudry, un haut cadre du groupe indien chargé des aciéries à oxygène et des mines pour la zone Afrique Asie, devait être appliquée dès ce mois d'août. En contrepartie, l'employeur s'engageait à verser aux partants à la retraite une indemnité de départ de 600 000 DA. Il avait compté sans la réaction du syndicat d'entreprise. Celui-ci représente une machine revendicative vouée aux seuls intérêts des 8000 travailleurs de l'entreprise en poste à Annaba, Pont Bouchet et El Hadjar, Hussein Dey, Réghaïa, Blida, Ksar El Boukhari, El Khroub, Oran, Skikda. La machine syndicale s'est mise aussitôt en branle en appuyant tacitement le débrayage d'une journée des 8000 travailleurs et d'annoncer une grève générale illimitée à partir du 22 août. Alertée, la direction générale du groupe à Londres a ordonné à la direction générale de sa filiale de Annaba d'entamer des négociations le débat inédit entre la direction de Londres et les syndicalistes de Annaba a pris forme avec l'arrivée de M. Pannier. Les instructions que ce dernier avait reçues mettent en relief toutes les certitudes d'un partenariat qui ne s'arrêtent pas aux portes du complexe sidérurgique d'El Hadjar. Des certitudes qui vont vers l'un des plus importants gisements de minerai de fer de Ghar Djebilet, aux frontières algériennes avec le Sahara occidental, la zone franche de Bellara et la réalisation d'un laminoir fil et rond, vers les unités de production des tubes de Annaba et Ghardaïa. Par le succinct protocole d'accord élaboré en commun hier par la direction générale de la filiale Arcelor Mittal Annaba et le syndicat, il est mis fin aux divergences de points de vue entre les deux parties, particulièrement ceux de l'employeur qui tiennent plus d'une tentative d'ajustement tactique des postes de travail qu'à un respect d'un organigramme qu'il n'a jamais dévoilé depuis sa prise en main du complexe en 2001. Les deux parties devaient achopper sur cette question d'organigramme et celles des départs à la retraite, de la préservation des postes d'emploi et du savoir-faire. L'offensive « A ce niveau, il semble qu'on appréhende mieux les conséquences de l'application de l'absurde décision de dégraissage des effectifs de Annaba. Notre employeur a compris que cette démarche va à l'opposé de ses intérêts en Algérie. Un des proches collaborateurs du président-directeur général du groupe a tenté de remuer des cendres mal éteintes des compressions survenues ailleurs. Les travailleurs ont sonné le rassemblement et c'est de leur droit de défendre la pérennité de la totalité des postes de travail existants », souligne M. Menadi. C'est cette offensive qui a amené le grand patron du groupe à faire machine arrière. En fait, en ciblant la majorité des actions du complexe d'El Hadjar, initialement propriété du groupe Sider, il démontrait sa volonté de s'installer dans la durée en Algérie. L'arrivée hier en fin d'après-midi de M. Pannier, second personnage du groupe, confirme des indiscrétions faisant état de l'acceptation sans condition de l'ensemble des revendications des syndicalistes. Pour ces derniers, elle est la plus évidente alternative au confinement des responsables du groupe Arcelor Mittal. « Notre employeur a compris tout l'intérêt qu'il a à s'ouvrir au dialogue et à la concertation et donner suite à nos revendications. Ces dernières vont également dans son intérêt. Les travailleurs se sont engagés à donner le meilleur d'eux-mêmes pour relever le défi de la production pour atteindre le chiffre record des 1,5 million de tonnes. Qu'il trébuche et il ira au fossé de l'histoire des opérations de partenariat bien entamées et mal finies », avoue M. Kouadria. Les 1200 travailleurs qui partiront à la retraite en empochant les 600 000 DA d'indemnité le feront sans que leurs postes de travail ne disparaissent. Des organigrammes définissant les règles et conditions de travail dans chaque atelier seront élaborés à court terme. « Dans ce combat, il n'y a ni vainqueur ni vaincu. La logique et le dialogue de tout instant ont prévalu. L'employeur a gagné en crédibilité et la confiance des travailleurs quant au respect de ses engagements antérieurs, d'aujourd'hui et ceux de demain. Ce 6e anniversaire d'Arcelor Mittal en Algérie amènera plus à l'employeur et aux travailleurs », a estimé M. Menadi. Tous ces propos devraient être confirmés aujourd'hui à partir de 13h avec la conférence de presse qu'animera M. Sidi Saïd au siège du syndicat de l'entreprise à El Hadjar.