Le conflit larvé qui opposait depuis vingt jours la direction générale d'Arcelor Mittal Algérie au syndicat d'entreprise a officiellement pris fin hier. En présence de Madjid Sidi Saïd, secrétaire général de l'UGTA, Aïssa Menadi, syndicaliste médiateur et député, et de Franck Pannier, vice-président du groupe Arcelor Mittal, spécialement venu de Londres, Sanjay Kumar, directeur général de la société Arcelor Mittal Annaba, et Smaïn Kouadria, secrétaire général du syndicat d'entreprise, ont signé l'accord collectif. Le document en 10 points répond à toutes les revendications émises par les syndicalistes, dont l'élaboration et la mise en œuvre des organigrammes avant la fin de l'année, la mise en place de meilleures conditions de travail pour les effectifs utilisés en sous-traitance, le rajeunissement des effectifs par le remplacement par un jeune de tout travailleur mis à la retraite. Je suis membre du conseil d'administration du Bureau international du travail. C'est la première fois dans le monde où un employeur et son partenaire social se mettent d'accord pour offrir de meilleures conditions de travail à des effectifs utilisés en sous-traitance », a déclaré M. Sidi Saïd. « La société s'engage à obliger les sous-traitants à respecter la législation du travail en vigueur, notamment à déclarer leur personnel à la sécurité sociale, à leur établir une fiche de paie et un contrat de travail, à les astreindre au respect du règlement intérieur de la société et à les doter en effets de protection individuels. Pour ce faire, les deux parties conviennent d'instaurer des mécanismes de contrôle à travers une commission paritaire », est-il mentionné dans l'article 10 de l'accord collectif. Cette disposition s'applique à plusieurs centaines de sous-traitants nationaux et étrangers en activité au complexe sidérurgique d'El Hadjar et d'autres unités de la filiale Arcelor Mittal Annaba. Ces sous-traitants utilisent plus de 5000 travailleurs activant en différentes régions du pays, pour une grande majorité au noir. Cet article 10, œuvre des syndicalistes, ferme toutes les frontières de marchandage. Rajeunissement des effectifs Il faut dire que les syndicalistes n'ont rien laissé au hasard. Des organigrammes qui doivent être impérativement élaborés et mis en œuvre à partir du 10 décembre 2007, la résorption du personnel de la sous-traitance, utilisé dans le process continu, via le transfert de la relation de travail vers Arcelor Mittal Annaba au recrutement externe en accordant le privilège à la formule du préemploi, le rajeunissement des effectifs par la valorisation du capital humain, rien n'a échappé aux syndicalistes. Y compris la question des départs à la retraite avec le versement d'un montant de 600 000 DA qui sera versé au travailleur intéressé, en même temps que la gratification de fin de carrière et l'allocation de départ à la retraite. Dans l'article 3 de l'accord collectif, la société s'engage à ne pas recourir aux contrats à durée déterminée au profit des travailleurs retraités. En matière de conditions de travail, employeur et syndicalistes se sont mis d'accord pour réhabiliter des infrastructures socioprofessionnelles. De même, nous a-t-on dit, que 520 millions de dinars seront engagés pour la réalisation d'une conduite d'eau potable à partir de Sidi Amar pour alimenter le complexe. Le statut particulier à la cokerie, issu des négociations du 3 juin 2007, devrait être réexaminé en janvier 2009. Le processus de polyvalence au niveau des postes de travail, sa définition, les programmes de formation appropriés et son indemnisation seront des points que la direction négociera avec le syndicat. L'employeur s'engage également à régler les cas en instance de promotion au plus tard le 15 septembre 2007 sur la base d'une nouvelle procédure à diffuser le 23 août. Intérim, recours aux heures supplémentaires, droits aux congés figurent également au nombre des dispositions de l'accord collectif. 1,3 million de tonnes EN 2008 Si l'employeur accepte de participer à des négociations sur une nouvelle augmentation des salaires de base prévues pour janvier 2009, il pose comme condition aux travailleurs d'atteindre, en 2008, les 1,3 million de tonnes de produits finis. C'est dire que hier, au complexe sidérurgique d'El Hadjar, propriété à 70% du groupe Arcelor Mittal et à 30% du groupe Sider, la querelle profonde et tumultueuse de ces 20 jours a cédé la place à la réconciliation. Les dirigeants du groupe indien et leurs partenaires syndicalistes ont évité toute surenchère dans l'élaboration de l'accord collectif. L'absence d'organigrammes a été une anomalie imaginée par le grand patron du groupe leader mondial de la sidérurgie. Tant et si bien que les syndicalistes s'étaient sentis dépossédés de leurs pouvoirs en matière de postes de travail, recrutement, départs, conditions de travail… Ils étaient arrivés à la conclusion que leur employeur leur avait consenti une souveraineté tout juste bonne à faire fructifier le niveau de production, tout en les confinant à des dossiers à caractère social. En paraphant l'accord collectif le 20 août, date de célébration de la journée nationale du moudjahid, les syndicalistes ont voulu afficher un moral de vainqueur. Ils qualifient même le texte de l'accord collectif d'immense réussite socioprofessionnelle.