Les mares d'eau, barrages et oueds sont en passe de devenir, à Mila, un mouroir faisant d'une année à l'autre des victimes dont le nombre est en hausse, selon les bilans de la Protection civile. Plusieurs victimes, en effet, ne se doutaient pas qu'au bout d'une trempette rafraîchissante dans un quelconque étang ou une rivière, ils allaient passer de vie à trépas. Il est inutile de se voiler la face, le nombre des noyades a atteint des pics trop alarmants pour être considérée comme un simple fait divers. La comptabilité macabre des noyés, souvent des jeunes et des adolescents, a levé le voile sur un phénomène gravissime que l'on a tendance à banaliser ou à considérer avec un sentiment d'impuissance et de fatalisme. Le record en a été atteint, au titre des exercices 2005 et 2006, avec 24 noyades recensées, à l'issue desquelles les secouristes de la Protection civile n'ont pu sauver que 7 personnes, alors que les autres avaient atrocement péri. Au compteur du seul mois de mai dernier, les sapeurs-pompiers sont intervenus dans 4 cas de noyade, où le corps d'un homme a été repêché d'un étang au lieudit Tamdat, dans la commune d'Ahmed Rachedi. Le mois de juin ne dérogera pas non plus à la cadence des noyades, puisque les mêmes services ont dû mener une opération de sauvetage, en faisant sortir d'un puits à Oued Athmenia trois individus, dont un devra hélas décéder. Si le tort de ces nombreuses victimes, fauchées à la fleur de l'âge, est d'avoir, par manque de moyens de s'offrir des séances de natation dans des piscines ou des séjours sur le bord de la mer, cédé à la tentation de se baigner dans des espaces non sécurisés, cela ne devrait pas dédouaner les responsables concernés de l'obligation de renforcement de la surveillance et du contrôle, du moins autour des lacs et des barrages.