Les compétences algériennes à l'étranger constituent un gisement intarissable. Leur nombre, qui évolue d'année en année, est situé actuellement entre 30 000 et 100 000, d'après les statistiques de la Fondation nationale pour la promotion de la recherche scientifique dans le domaine de la santé (Forem). C'est son président, le docteur Mustapha Khiati, qui l'a annoncé lors d'une conférence-débat tenue hier au forum d'El Moudjahid à Alger. Comment ces compétences peuvent-elles aider l'Algérie dans son processus de reconstruction et de développement ? La Forem a déjà opté pour une action qu'elle commence à concrétiser. Il s'agit de la création d'une Association des compétences algériennes (ACA), dirigée actuellement par Mohamed Boudjelal, docteur en biochimie et chercheur dans le domaine de la pharmacie industrielle, établi depuis de longues années à Londres. Cette association, fondée en avril dernier, a pour principal objectif de créer une véritable interface entre les compétences algériennes à l'étranger et celles se trouvant en Algérie, mais aussi d'établir des contacts avec les institutions et différents organismes algériens pour mettre en place des projets qui pourraient intéresser les deux parties. Pour l'instant, l'ACA compte un millier d'adhérents, tous des chercheurs algériens expatriés. Un peu plus de trois mois après sa création, l'ACA revient avec un ambitieux programme qui vise à aider la communauté scientifique et les entreprises nationales dans les technologies de pointe. « L'Algérie a besoin de ses chercheurs qui sont partis à l'étranger et nous, nous voulons faire connaître notre disponibilité », a indiqué déclaré M. Boudjelal, président de l'ACA. Selon lui, l'association aura d'ici peu entre 7000 et 8000 membres, précisant qu'elle n'est nullement une structure d'accueil exclusivement des Algériens expatriés. « Les locaux sont aussi les bienvenus », a-t-il affirmé. La première activité de l'ACA consiste à donner des cours intensifs dans les universités algériennes, durant les vacances d'été. Il s'agit de cours de haut niveau, homologués par des universités européennes et américaines. M. Boudjelal indique avoir proposé cela aux autorités concernées et attend leur réponse. D'après lui, les contacts avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, en vue de créer un partenariat, étaient très fructueux et un accord se profile à l'horizon. « Si les choses marchent, nous espérons même lancer des universités d'été et d'automne », a-t-il ajouté, affirmant que ces chercheurs veulent également coencadrer les étudiants algériens qui bénéficient d'une bourse à l'étranger, dont certains ont parfois du mal à s'en sortir. L'ACA envisage, en outre, de contribuer à la publication dans les revues scientifiques internationales des articles scientifiques produits au sein des universités algériennes pour les faire connaître au niveau mondial. Pour lever toute équivoque, M. Boudjelal atteste que les membres de l'ACA ne veulent ni salaire, ni emploi, ni maison, ni aucun autre privilège. « Tout ce que nous demandons, c'est de nous ouvrir les portes pour mieux travailler », a-t-il insisté. Pour Djawida Chennaf, professeur en géotechnologie exerçant au Canada et membre de l'ACA, le partenariat entre l'Algérie et les différents pays du monde est une bonne chose en soi, mais par exemple personne ne peut aider l'Algérie pour le transfert de technologies comme ses propres enfants. Le président de la Forem, Mustapha Khiati, a mis l'accent sur le grand défi auquel est confrontée l'université algérienne qui devrait accueillir en 2009 plus de 1,2 million d'étudiants et quelque 60 000 autres issus du nouveau système LMD en post-graduation. « Même si l'encadrement existe, il reste insuffisant », a-t-il relevé, regrettant au passage que sur les 57 universités existant au niveau national, seules 18 sont (mal) classées au niveau du monde musulman, sans parler du niveau mondial. Pour lui, la solution réside dans ce genre de partenariat entre Algériens d'ici et d'ailleurs. Un autre défi à relever.